Ma conviction révolutionnaire pour 2017

Nous ne sommes pas confrontés à un seul problème pour l’élection présidentielle de 2017, mais à une foule de problèmes qui tiennent à la nature de cette élection très peu démocratique et à la trahison des valeurs identitaires de la gauche. Répondre à un problème est assez facile, dénouer un sac de problèmes demande de procéder à des choix difficiles. Parce que les solutions à ces problèmes étant souvent contradictoires, il faut alors distinguer l'essentiel de l’accessoire. C'est complexe parce que l'accessoire ne l'est qu'en présence de l'essentiel. En son absence, l'accessoire est assez souvent essentiel. Dire ce qui est l'essentiel est une obligation pour un révolutionnaire.

 

Selon moi, l'enjeu essentiel du scrutin du printemps 2017 est d'empêcher le scénario probable d'un second tour entre une Marine Le Pen flirtant avec les 30 % et le candidat de droite, quel qu'il soit. La référence à 2002 en banalise les conséquences. « Après tout, n'en faisons pas un drame, on a déjà connu ça. » Je réfute totalement cette banalisation : 2002 nous a pris par surprise, 2017 nous voit prévenus, nous n'aurons pas su l’empêcher ; il y a en 2017 une réelle incertitude sur le vainqueur ; La droite aujourd’hui ne vaut guère mieux que le FN… 

 

Un président de droite ou une présidente du FN, une majorité de droite à l'Assemblée avec des dizaines de députés FN, et une gauche représentée par un  petit quarteron de députés PS et pas de députés communistes, c'est hélas une possibilité.

 

Possibilité délirante ? Peut-être, je l'espère. Mais pas plus délirante qu'une autre possibilité évoquée par Éric Coquerel lors d'un débat avec notamment Patrice Leclerc au stand du PG sur la Fête de l'Huma. Éric Coquerel parlait d'un « trou de souris » pour que Mélenchon soit qualifié pour le second tour, et d'un trou plus petit encore pour qu'il soit élu au second tour. Laquelle de nos deux possibilités est la plus « délirante » ?

 

Au bout de ça, il y a des années de souffrances pour le peuple et le pays, une défaite historique de la gauche et de notre camp en particulier. Parce que la France l’aurait voulu ? Non elle ne le veut pas, c’est la division qui empêche la majorité du pays de faire entendre ce à quoi il aspire. Dans la dispersion et la division, la défaite est assurée. Prendrons-nous ce risque ?

 

Ce serait dire qu’une victoire droite-FN ce n’est pas si grave. Il y aurait donc plus grave. Plus grave serait qu’on laisse à penser que la politique menée par F. Hollande est acceptable, voire même de gauche ? Oui ce serait grave. Mais quel est le plus grave ? Éviter une victoire droite-FN ou éviter que des illusions sur le PS  reprennent vigueur? 

 

Les défenseurs d’un ralliement à Mélenchon admettent que nous avons des divergences avec lui, mais les négligent. L’appel « En 2017 construisons un front commun ! » assure : «  Quels que soient les arguments des uns et des autres ou les divergences que nous pouvons avoir avec lui, la candidature de Jean-Luc Mélenchon est dans les circonstances actuelles installée dans le paysage politique. (…) À six mois de l’échéance, il serait, à nos yeux, irresponsable de ne pas prendre acte de cette situation. »

 

Mais quelle est la nature de ces divergences ? Sur le fond politique, l’Europe, les réfugiés, l’immigration, on assiste à un glissement inquiétant du discours de Jean-Luc Mélenchon. Certains l’ont qualifié de discours « national-populiste ». On est en tout cas loin du Mélenchon de Marseille en 2012.

 

La présentation de sa candidature n’est pas une question de forme. Mélenchon a voulu, décidé la mort du Front de gauche. La contrainte de discuter, de construire en commun avec d’autres, et notamment le PCF, ne lui va pas. Il l’avait dit déjà en lançant le mouvement pour la 6e République.  Et qu’il ait lieu à l’hiver dernier, au printemps dernier, à l’automne ou à l’hiver prochain, un appel à voter Mélenchon n’aurait été ou ne sera qu’un ralliement.  Quand, dans le débat dont j’ai parlé, Patrice Leclerc dit qu’il soutient Mélenchon mais « ne passera pas sous les fourches caudines de la France insoumise » Éric Coquerel répond que ce sera l’orientation de la présidentielle et aussi des législatives.

 

Ces divergences portent au fond sur une question qui est un de nos fondamentaux : la démocratie. Nous voulons construire des majorités. Je ne pense pas que Mélenchon ait cela en tête. On peut donc malgré les divergences, construire ensemble. Mais on ne peut pas se rallier. Or Mélenchon n’accepte qu’un ralliement.

 

Alors ? Je ne vois qu’un moyen pour tenter d’écarter le pire des scénarii et je souhaite qu’on l’examine : c’est une participation à l’élection primaire de toute la gauche, pour battre Hollande ou empêcher sa candidature et construire une candidature commune pour l’élection présidentielle. J’ai conscience que c’est une position très difficile tant la détestation de François Hollande est immense. Et je la partage. Il ne peut en aucun cas prétendre représenter la gauche. C’est pourquoi je veux qu’on le batte dans une élection primaire, qu’on écarte sa candidature. 

 

Les frondeurs affirment qu’il sera empêché ou battu dans la primaire socialiste. Je les crois et ce sera encore plus vrai avec notre apport. Un double apport : construire un contrat d’engagements communs qui politisera le vote. Et faire de cette élection primaire une grande campagne de mobilisation populaire pour écarter Hollande et  rassembler sur une candidature qui redonne espoir de gagner. 3,5 millions de Français ont participé à la primaire socialiste de 2012. Ne pouvons-nous pas en faire au moins autant avec tous ceux qui refusent la loi El Khomri ? Avec les jeunes qui ne veulent pas qu’on leur laisse une Le Pen en héritage et qui veulent sécuriser leur avenir ? Avec eux, il y aurait un risque Hollande ?

 

Je n’y crois pas du tout mais admettons. C’est un risque. Quel risque est essentiel et lequel est accessoire ?

 

Je n’ignore pas que le Congrès du PCF a, de fait, écarté cette option. J’ai le respect total des décisions des communistes. Je souhaite que cette option revienne sur la table au vu du blocage de la situation. Elle sera présente dans la tête des électeurs de gauche, j’aimerais que ce soit avec nous.

 

Le choix le plus révolutionnaire, la solution la plus réaliste, c’est de participer à l’élection primaire de la gauche pour en faire une très grande bataille politique, pour écarter la candidature Hollande et construire une candidature qui redonne de l’espoir. 

 

 

 

 

 

 

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