Pour une stratégie communiste

« Il y a un autre monde, mais il est dans celui-ci. 

Honneur à tout ce qui devient » 

                                                                            Paul Éluard

 

Un rebond dans l’action ? C’est si j’en crois les documents adoptés par le CN du PCF, le credo des dirigeants communistes après les élections européennes et le très faible score enregistré par la liste du PCF.

« Le résultat de la liste présentée par le PCF n’a pas été à la hauteur des espérances qu’avait suscitées la campagne », indique la résolution du CN. Avant de remercier « Ian Brossat et ses colistier·e·s, ainsi que tous les communistes, pour la bataille dynamique menée » (ils le méritent largement). L’auraient mérité aussi les personnalités qui, sans être communistes, se sont pleinement et courageusement engagées dans cette campagne.

Et on tourne la page ! On a semé, les moissons viendront bientôt, avec « l’affirmation » du PCF après sa longue période « d’effacement »… Quelle blague ! En guise d’analyse, ça semble un peu court.

Quand on obtient un tel résultat, avec une tête de liste et une liste brillantes et reconnues comme telles, des soutiens prestigieux, une présence médiatique et sur les réseaux sociaux, une campagne de terrain visible, on devrait quand même se poser des questions. Et d’abord, sommes-nous encore reconnus comme utiles, comme servant à quelque chose ? Mais poser ces questions demande de travailler à des réponses. Ce qu’à mon sens le congrès n’a pas voulu entreprendre.

Analyse sommaire de nos propres résultats, analyse sommaire aussi sur l’évolution du paysage politique. Une gauche battue à plate couture, totalement incapable de représenter les mouvements sociaux et politiques pourtant à l’œuvre dans la société. Et ce pour toutes les forces politiques de gauche dispersées qui se sont présentées.

Une bipolarisation triomphante entre la droite plus ou moins centriste de Macron, « contre » une droite extrême en construction conquérante autour de Marine ou Marion Le Pen. Compte-tenu du mécontentement que suscite et ne manquera pas de susciter plus encore la politique de Macron, rien ne dit que le scénario d’un pays gouverné par l’extrême droite ne triomphera pas en 2022.

Quant au score des écologistes, il n’est en rien comparable à celui des élections européennes passées. Parce qu’il accompagne un très large mouvement de fond de la jeunesse pour la préservation du climat et s’y adosse. Mouvement qui ne se reconnait pas dans les forces de la gauche et pas du tout en tout cas dans le Parti communiste.

Il y a donc la gravité de la situation politique, extrême gravité qui mériterait au moins d’être soulignée. Comment conjurer ce scénario ? Voilà qui exigerait réflexion car tout ce qui a été tenté en ce sens à gauche a échoué.

La menace extrême-droite est d’autant plus préoccupante que depuis des mois, la société est bousculée par d’importants mouvements populaires au fort potentiel de transformation. Je pense aux gilets jaunes, mais aussi à « Me too », au mouvement des jeunes pour le climat, au fort mouvement dans la santé, les Ehpads, à ce mouvement d’accueil des migrants qui mobilise des dizaines de milliers de femmes et d’hommes solidaires dans une quasi clandestinité… Or, faute d’une intervention politique convaincante et à la hauteur, ces mouvements restent dispersés, démunis de perspectives politiques, et donc perméables à des dérives, qu’elles soient suscitées par l’extrême-droite ou par des écolos « macron compatibles » par exemple. Et ce manque d’intervention politique au niveau, peut détourner le potentiel transformateur de ces mouvements vers des postures très régressives. Énorme gâchis !

Or que propose  le Parti communiste ?

1) La construction « de grandes batailles politiques, massives et rassembleuses, pour arracher des victoires ». Sont citées la bataille sur la retraite, contre la privatisation d’ADP, le pouvoir d’achat, la défense du service public de santé, la défense de l’industrie, de l’école et, en fin, le défi climatique… 

2) « Le combat pour reconstruire une perspective à gauche », « la construction d’une grande union populaire ». J’avoue ne pas voir très bien, ni ce qui fait le neuf en la matière, ce qui est déjà un problème quand ce qui a été tenté a échoué, ni la cohérence et donc la crédibilité de notre appel. Nous disons vouloir « reconstruire à gauche » « Sans exclusives ni volonté hégémonique de quiconque. Pour et dans l’action et le débat. » Mais en même temps nous assurons qu’en 2022 et quoi qu’il arrive, le PCF aura son candidat, ce qui, forcément participe à la dispersion de la gauche. Je crois ne pas être le seul à mal comprendre comment cela peut se faire.

 

3) Enfin le troisième axe de nos propositions concerne le renforcement du PCF. « Mobilisation face à la régression sociale et démocratique, action en faveur d’un rassemblement conquérant, et renforcement de notre parti sont indissociables », affirme la résolution du CN.

 

Il est proposé pour ce faire : Un tour de France du monde du travail et des entreprises, la Fête de l’Huma « pour  améliorer l'image, la visibilité et le renforcement du PCF » et « commencer à installer le message que nous porterons à l’occasion du centenaire du PCF ». Je serai tenté de demander « Mais quel message pour le centenaire du PCF ? »

 

Je me permets de poser la question : où est le nouveau, quel niveau d’interrogations et de recherches, quel travail d’élaborations, quelles audaces dans les initiatives ?

En réalité, si je me demande quelle est la stratégie du PCF pour transformer la société, j’ai beau chercher, je ne trouve aucune réponse convaincante, ni dans les textes du congrès, ni dans « l’analyse » des résultats des européennes ou dans la résolution du CN.

 

Une stratégie pour le Parti communiste ?

Selon moi, un immense travail de réflexions, d’échanges, de recherches et d’expérimentations, doit être très rapidement engagé pour concevoir et élaborer une stratégie de transformation de la société, de dépassement et de sortie du capitalisme.

Les communistes semblent d’accord - et les textes adoptés par le congrès en attestent- pour affirmer que la pérennisation du système capitaliste représente un danger mortel pour la civilisation humaine et pour la planète, qu’il faut travailler au dépassement de ce système, et donc que la lutte pour une issue communiste est à l’ordre du jour.

Et il n’est pas difficile de s’entendre pour affirmer que toutes les stratégies communistes pour transformer la société dans ce sens ont échoué. La stratégie qui a été celle du PCF depuis des décennies a conduit à l’union de la gauche, ou à la gauche plurielle, ou au Front de gauche. Elle a échoué et jusqu’à présent, et encore maintenant, nous mettons, à peu de choses près, cet échec au seul compte de l’affaiblissement du PCF. 

Mais n’est-ce pas plutôt notre conception fondamentale du mouvement de transformation du monde qu’il faut interroger ? Quoique nous en disions, nous n’avons pas fondamentalement changé dans la conception d’une prise du pouvoir centralisée, pour appliquer un programme ou un projet travaillé du dehors des mouvements populaires et sociaux, d’une révolution par en haut « guidée » par le parti communiste. Et cette conception est, à mon sens, celle d’une vision faussée de ce qu’est le communisme, de ce qu’est être communiste.

Quelques intuitions

Je ne suis ni universitaire ni dirigeant du parti, mais un simple militant. Je n’ai aucune prétention, mais je souhaite livrer  quelques intuitions venues de lectures éparpillées et bien trop courtes et surtout de mon expérience militante. Et j’aimerais (j’allais dire je rêverais) que le Parti communiste mette d’urgence en débat des questions de fond qui devraient travailler chacune et chacun d’entre nous et être traitées collectivement. Pour moi, ce devrait être la tache de l’heure. Je livre en attendant quelques intuitions en vrac.

À propos du communisme

Je ne crois plus que le « communisme » soit un idéal, l’utopie d’une société idéale, ni un mode de production, surtout pas l’aboutissement du combat des communistes pour la transformation sociale. Je crois qu’il faut prendre très au sérieux ce qu’en disait Marx dans « l’Idéologie allemande » : « Le communisme n’est pour nous ni un état de choses qui doit être créé, ni un idéal sur lequel la réalité devra se régler ; nous appelons communisme le mouvement réel qui abolit l’état de choses actuel ».

Cette définition livre tout à la fois la démarche matérialiste de Marx et sa démarche dialectique. Démarches auxquelles nous avons bien du mal à nous montrer fidèles.

Mais si je ne crois plus beaucoup à ce « communisme – État », et pas seulement parce qu’il a été dénaturé dans l’innommable, je crois par contre de plus en plus à la nécessité de « penser en communiste », « d’agir en communiste ». Je crois qu’il faut « être communiste ». Au fond je suis un communiste qui ne croit pas au « communisme » comme aboutissement, but ultime de son combat.

À propos de la démocratie

Je crois profondément que le vrai projet des communistes est la démocratie, la démocratie radicalement radicale, celle qui doit progressivement permettre aux individus de diriger leur vie, leur société et le monde, d’acquérir une maîtrise toujours élargie de leur propre destin, et de construire collectivement ainsi une civilisation humaine, leur véritable humanité 

Notre combat est celui de l’émancipation, pas seulement combat contre l’exploitation, mais combat contre l’aliénation, la perte d’identité humaine que produisent toutes les formes de dominations. Ce combat émancipateur doit affronter tous les défis, celui du travail contre l’exploitation capitaliste, celui du féminisme, celui de la préservation et la réparation de la nature et de la planète, celui des migrations, celui de la révolution numérique et informationnelle, de l’intelligence artificielle, de la bioéthique…

Ces combats émancipateurs, ont pour les communistes un mode d’emploi : cette démocratie que j’appelle radicalement radicale, qui consiste à élever sans cesse les consciences et les connaissances, à élargir sans cesse leurs pouvoirs pour que les individus et les peuples maîtrisent toujours mieux leurs vies et leurs destins.

La conquête des pouvoirs, dans l’entreprise comme dans les territoires, la conquête de l’État, sont des objectifs communistes à condition que tous ces pouvoirs soient conquis non pour être saisis en l’état mais pour être radicalement transformés. Pour qu’au lieu d’être des instruments de confiscations de la gestion de la vie sociale au profit des classes dominantes, ils deviennent progressivement et dans la lutte, des instruments d’auto-organisation, d’autogouvernement des travailleurs et des citoyens.

À propos d’une stratégie communiste

Le Parti communiste est en réalité prisonnier des conceptions anciennes de prise du pouvoir par en haut et d’une centralité aggravée par un économisme persistant. Ses efforts pour rénover ses  conceptions, très réels et visibles par exemple dans l’élaboration de son projet-programme « La France en commun », sont en permanence contredits par son expression quotidienne et sa pratique politique de terrain.

On peut dire qu’il a une stratégie pour se maintenir en vie et une stratégie pour un rassemblement électoral, deux stratégies contradictoires et perdantes et une illisibilité de plus en plus évidente. Mais il n’a pas de stratégie explicite et cohérente pour la transformation de la société. 

C’est pourtant cette question qui est à l’ordre du jour, non que nous soyons dans une situation révolutionnaire, mais parce que le dépassement et la sortie du capitalisme sont désormais la question vitale pour la survie de la planète et la marche en avant de la civilisation humaine.

Il faut aujourd’hui considérer que le projet politique de transformation de la société et de sortie du capitalisme ne peut se concevoir en dehors des mobilisations sociales et politiques actuelles, de la colère et des aspirations qu’elles expriment. Une stratégie communiste d’aujourd’hui serait de faire de chacune de ces luttes, de chacun de ces mouvements, de toutes les initiatives solidaires et de mises en commun, un projet politique d’émancipation et de transformation. Un projet politique qui change immédiatement la vie des travailleurs et des citoyens qui y participent, surtout s’ils sont victorieux mais aussi dans la mobilisation elle-même (les gilets jaune témoignent que leur vie, leurs conceptions, ont changé dans la lutte). Et un projet qui permet une agrégation progressive dans le projet politique plus global de dépassement du capitalisme.

Cette stratégie politique suppose de s’engager, sans attendre la prise de pouvoir qui soi-disant permettrait un changement politique global, dans les mouvements sociaux, solidaires et citoyens, avec pour ambition d’élever le niveau d’intelligence et la conscience que ces mouvements appellent des transformations politiques radicales. Il s’agit donc d’engager, de l’intérieur de ces mouvements, la lutte des idées, culturelle et politique.

À propos du Parti communiste

À l’évidence cette stratégie implique une qualité d’intervention et une présence militante qui dépasse, et de loin, les capacités actuelles du seul parti communiste français. Qui plus est, par sa structuration, sa culture, même s’il a beaucoup changé de ce point de vue, le PCF ne serait pas l’outil efficace d’une telle stratégie adossée à des luttes multiformes.

C’est pourquoi je pense que le parti communiste doit être à l’initiative de la constitution d’une nouvelle force politique de transformation de la société, qu’il doit en appeler à sa création, et s’attaquer à sa construction avec patience et persévérance, ouverture et audace. Car cette construction ne peut pas être le résultat d’un accord entre différentes forces politiques, elle doit être conçue comme la voix, le creuset, la convergence, l’intelligence en commun des colères sociales et des mobilisations, des mouvements sociaux et citoyens. 

À l’initiative de la création de cette nouvelle force politique, je crois que les communistes gagneront une influence et une autorité considérables. Ils ne l’utiliseront pas pour constituer, au sein de la nouvelle force politique, une tendance ou une fraction avancée, mais pour former le courant ouvert de l’expérience militante, de la générosité combative, de l’exigence démocratique et de l’intelligence du monde. 

Tout est à repenser, tout est à refaire, un immense chantier intellectuel, d’expérimentations concrètes, d’initiatives politiques et culturelles est à ouvrir. 

Cet appel à la création d’une nouvelle force politique de transformation serait le beau message à délivrer pour le centenaire du PCF. 

« À chaque effondrement des preuves, le poète répond par une salve d’avenir »
                                                                                                                                          René Char
 

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Commentaires: 5
  • #1

    OLIVIER GEBUHRER (samedi, 22 juin 2019 00:30)

    Très courageux! Je ne partage pas tout mais une très grande partie ; ci dessous une Tribune adressée à l'Huma dont j'ignore si elle sera publiée :
    Rendre demain meilleur qu’aujourd’hui .
    (OLIVIER GEBUHRER)

    Etude après étude , une grande majorité ( 70% ) de nos compatriotes trouve irrespirable le monde tel que le capitalisme le conduit ; parmi ces femmes et ces hommes, certains , dont je suis , pensent que cette organisation sociale , économique et politique a fait son temps , la grande majorité pense que , à défaut d’une alternative viable , il faut se consacrer à rendre le capitalisme tolérable . Les mêmes études conduisent à des résultats semblables relativement aux inégalités sociales , à l’injustice fiscale qu’une majorité comparable condamne .
    Si l’objectif est le rassemblement populaire majoritaire, quelque nom qu’on lui donne , ce qui précède , qui, selon moi, constitue, sans l’épuiser , le socle de la gauche dans notre pays , montre que sa réalisation est possible et que là se situe l’ambition politique. Ces données, qu’on oublie facilement , ne sont pas de nature à s’effacer : tous les choix politiques actuels contribuent à les renforcer .
    Ce socle de gauche ne se peut concevoir sans les pollutions et les influences délétères induites par des choix qui chaque jour « pourrissent la vie » de nos compatriotes mais c’est ce socle qui explique la crise de la droite macronienne , celle encore cachée de son extrême , et explique en France un climat de guerre idéologique unique en Europe comme si le « communisme » était à l’ordre du jour .
    L’est-il ? Comme possible phase de l’histoire humaine , sans aucun doute , comme perspective immédiate , évidemment non, sans revenir aux « étapes » qui ont brouillé la vision.
    Ce qui précède doit être complété : la droite ( dans son ensemble) et son extrême n’ont plus de réserve politique , la gauche en a potentiellement d’immenses si ses forces constituées savent voir et entendre .
    L’horizon politique de nos compatriotes est cependant plombé par l’histoire du communisme . Il n’est pas de jour sans piqûre de rappel ; le PCF y écrivit des pages sombres ; il y contribua et y ajouta des phrases de son cru . Ces pages sont ineffaçables. Mais les pages de gloire qu’il écrivit ou contribua à écrire sont indélébiles et lui permettent de regarder les premières en face et au moment où elles étaient écrites , l’autre côté de la barricade n’avait et n’a aujourd’hui qu’un seul droit : « celui de regarder ses pieds » ; il serait toutefois illusoire de penser qu’on se débarrasse à bon compte d’hier . L’incantation , le déni , le détournement du regard n’y feront rien.
    Si l’ambition est celle d’un rassemblement populaire puissamment majoritaire , celle de l’influence politique du PCF n’est ni 3 ni 5 mais 20% ; ce n’est évidemment , pour les raisons précédentes entre autres, pas un objectif pour demain.
    Si le rassemblement précédent est pensable , il devrait sauter aux yeux que sa diversité profonde même exclut qu’on le fasse entrer sous un immense barnum , quelle que soit sa taille au demeurant : on laisse ainsi quantité de monde au dehors et sous la grêle .Personne n’accepte aujourd’hui les costumes politiques prêts à porter et personne ne supporte davantage qu’on lui torde le bras . En fait , toutes les expériences antérieures ont contourné la question du « pouvoir de décider » . Et si le rôle des partis de gauche ne saurait être surestimé , c’est en se confrontant à cette question dès à présent , qu’ils peuvent être considérés comme utiles . Probablement c’est la raison majeure qui implique que pour le PCF, il ne saurait être question de rassembler autour de lui mais avec lui, ce qui est déjà en soi une ambition politique de taille ; contribuer à créer les conditions de l’initiative populaire est donc la principale nouveauté . Cette « nouveauté » n’est rien d’autre que son essence même ; il est naturel qu’elle ne crée pas l’enthousiasme chez d’autres forces de la gauche constituée . Mais c’est le seul chemin à emprunter si demain doit être meilleur qu’aujourd’hui.



  • #2

    Denis KRYS (samedi, 22 juin 2019 16:30)

    Ce point de vue me donne envie de dire (presque) entièrement d'accord. C'est à propos de la conclusion que je modulerais : je ne sais si la solution réside dans la capacité qu'il faudrait que le Pcf trouve pour contribuer à la création d'une force politique neuve. Mais que ce soit cela ou bien une autre modalité, je pense que la créativité d'un communisme qui serve à l'émancipation du genre humain plutôt qu'à la vaine espérance d'une influence dirigeante sur le mouvement populaire, doit trouver sa traduction dans l'innovation politique pour laquelle je plaide ci-dessous :

    Qu’est-ce qui doit primer ?
    L’essor d’un mouvement populaire permettant de transformer et finalement de révolutionner la réalité par la constitution du peuple en auteur et acteur et inversement
    ou bien
    L’influence des organisations qui chacune, bien légitimement, accorde de l’importance à son rayonnement, celui des analyses et des propositions dont elles sont capables et que ponctue le nombre de ses membres qui se voient confier un mandat électoral.

    Je réponds, l’essor d’un mouvement populaire de transformation de la société qui doit être auteur et acteur de cette transformation.

    Pourquoi ?
    Parce que cette primauté est réaliste si ce sont bien « les masses qui font l’histoire » et si « l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ».
    Parce que cette primauté est protectrice des errements et des drames où la tentation de donner plus d’importance aux fins qu’aux moyens peut conduire et a conduit.
    Conséquence : ce que, bien légitimement, une organisation peut estimer essentiel, ne doit pas être élevé jusqu’à en faire une entrave à l’existence souveraine du mouvement populaire nécessaire qui évoluera comme il le pourra et le voudra.

    Que peuvent les organisations politiques pour cela ? j
    Je parle évidemment des organisations politiques de gauche, autrement dit celles qui peuvent partager l’opinion que le capitalisme est entrave, qu’il faut en faire reculer la domination, sinon s’en débarrasser totalement pour promouvoir l’égalité effective des droits tout en visant avec une égale attention au recul des autres oppressions formant système dont notamment le racisme et le sexisme, qu’il faut faire une priorité absolue des enjeux climatiques et de préservation de la biodiversité donc de la transition écologique et de la rupture avec le modèle consumériste et productiviste, et qu’il faut répondre à l’urgence de la démocratisation du fonctionnement de nos sociétés, inclus dans les lieux de travail) ?

    Il faut qu’elles s’entendent. Cette entente même est un puissant levier pour promouvoir le mouvement populaire. Mais ce doit être une entente désintéressée, pour servir au développement du mouvement populaire, et pas truffée de calculs boutiquiers. Et ce doit être une entente qui reconnaisse et même favorise l’essor des débats nécessaires au sein du mouvement.

    La primauté du mouvement populaire a besoin de la promotion absolue de la souveraineté des citoyens qui le composent, sur leur mouvement. Elle a besoin de la sincérité d’authentiques débats d’idées et controverses qui valent respect pour l’intelligence des citoyens et reconnaissance qu’en dernière instance, il ne se passe et ne doit se passer, que ce qu’ils décident.

    C’est pourquoi cette entente ne peut avoir la forme d’une organisation des organisations. Elle ne peut avoir que la forme résultant du choix de concourir loyalement à l’existence et au développement d’un mouvement populaire progressiste, souverain (ce qui pourrait prendre la forme d’un pacte).

    Le moyen de cela :
    le transfert aux citoyens du moyen que représentent les élections pour traduire un rapport de forces face au capital et améliorer celui-ci tout en servant dès que possible à la mise en œuvre de gestions alternatives à celles du capital. Les élections n’appartiennent pas aux partis politiques. Les élus sortant de leurs rangs sont dus à l’influence de leurs idées, ce qui suppose pertinence de celles-ci et un militantisme exemplaire de la part de leurs adhérents.

    La forme de cela :
    Un « socle ». Sa signature par les citoyens. Les « primaires » pour désigner les candidat-e-s par ces citoyens seulement.

  • #3

    michel.mourereau996@orange.fr (samedi, 22 juin 2019 17:33)

    je partage l'essentiel des remarques et propositions faites par les deux textes, pour y ajouter un point ou deux:
    / sauf insurrection violente la "prise du pouvoir"est tributaire d'institutions que la bourgeoisie a mise en place, dès l'origine (Sieyes) de façon à écarter la souveraineté "populaire" au profit de la souveraineté "nationale". En ce sens la focalisation sur "la prise du pouvoir d'ETAT"devient LE moyen ET la FIN de toute lutte sociale, à condition de la politiser. A quand remonte cette association? A 1797 et au Directoire. Résultat: seul subsiste le pouvoir d' Etat ciblé. Forcément avec le cond=cours (la prédominance?) des organisations, donc de leurs états-majors, puisque les institutions, auxquelles nous sommes assujettis, (bis) nous l'imposent: de là, mise en cause, fondée sur l'expérience, du système représentatif par les GJ.Expérience qui s'est traduite depuis 200 ans par des Chambres "Introuvable", "croupion", "bleue horizon", Godillot"...etc. Ce constat devrait nous contraindre à REpenser le rôle du Parlement (et des groupes avec UN président) non comme "fin" mais comme "élément" du pouvoir, c. à d. non comme "fin" ainsi que le critique Marx en marge du Congrès de Gotha en 1878. L'empreinte sociale-démocrate n'est pas l'exclusivité des allemands.
    / La proposition de multiplier (GJ) les petites assemblées devrait être creusée profondément, non à la manière des communes de 1790 (nous avons 47M d'électeurs), mais pour aider à multiplier les "initiatives" de terrain (afin d'alimenter la théorie politique qui reste indispensable, à LA condition qu'elle soit produite par tous, SANS AUCUNE EXCEPTION: j'affirme que la "moyennisation" sociale reste LA planche de salut de Macron & Co. Le référendum contre la privatisation de l'ADP présente l'intérêt de réunir la droite Thermidorienne (gaullienne) et la gauche Robespierriste (JL M. libérale donc) ET LES SOUTIEN DE LA COMMUNE de Paris syndicalistes d'une Alternative explicite au Capitalisme: " Changeons le système plutôt que la planète" . Séparés, ils resteront battus, constamment. Ce texte de Mayer a bien raison de le rappeler implicitement.
    Sinon les M.M Le Pen auront beau jeu de stigmatiser, verbalement, les "élites": "aristos", "méritos", "intellos'".

  • #4

    Yves Housson (mardi, 25 juin 2019)

    Riches et audacieuses réflexions et propositions, évidemment bienvenues au moment où tant de doutes, d'interrogations, d'inquiétudes angoissées nous travaillent, tant sur l'avenir d'un projet communiste dans notre pays que sur les risques majeurs qu'encourt notre démocratie à court terme. Comme beaucoup sûrement, je ressens le besoin de parvenir, dans les champs les plus divers (économique, social, sociétal, culturel...) à des expérimentations concrètes de transformation sociale, en s'impliquant dans les mouvements sociaux et citoyens, en les nourrissant de que nous pouvons apporter, autant qu'en nous en nourrissant. Après tout, n'est-ce pas ce que nous avons longtemps fait à l'échelle municipale, ou de départements, avec des réalisations innovantes, audacieuses, dans des contextes historique et politique certes très différents de ceux d'aujourd'hui? Regénérer, revivifier ce "communisme municipal" longtemps si fécond, dans les conditions d'aujourd'hui, me parait être un chantier majeur pour la recherche et la mise en oeuvre de ce qu'est "être communiste" en 2019. Il s'agit autant de projets, à bâtir avec, et sous contrôle, des citoyens, que de stratégie, de chemin, qui placent réellement les gens au centre, en position souveraine. Puisse la prochaine campagne des municipales en être l'occasion. Je suis plus perplexe (effrayé? peut-être!) devant l'idée d'abandonner le PCF pour bâtir une nouvelle formation. Cela sous-entend l'impossibilité de transformer l'actuel PCF pour en faire l'outil adapté à une stratégie communiste refondée. Je ne suis pas sûr que cette marche, certes très haute, ne soit pas à notre portée. Une chose est sûre: avec le centenaire PCF ou avec une "nouvelle force politique", il y a bien beaucoup à re-penser.

  • #5

    Michel Maso (mardi, 25 juin 2019)

    Bonjour ,Olivier
    J' ai beaucoup apprécié ton texte.Il est lucide et ambitieux.Tel moi à l'occasion pour en parler plus avant
    Amitiés
    Michel Maso