Guerre idéologique autour du climat

Réflexion estivale. Face à une nouvelle guerre idéologique, dessinons l’espoir d’une société débarrassée du capitalisme.

Une guerre idéologique est engagée par les tenants du système capitaliste. Elle vise à retourner contre lui le potentiel transformateur des aspirations et des luttes pour le climat.

Je ne veux pas qu’on m’enferme dans le camp des « climato-sceptiques » car je ne le suis pas. Je suis persuadé que le dérèglement climatique est la conséquence d’une activité humaine dégradée et aliénée par le système de production et les valeurs de la société capitaliste. Et je suis persuadé que le dépassement de ce système, urgent, nécessite à la fois la démocratie radicale, la justice sociale et un changement des modes de production et de consommation qui refuse la dégradation de l’environnement et de la nature.

Mais afin de contenir le potentiel transformateur des aspirations au respect de la nature et de l’environnement, à de nouveaux modes de production et de consommation, et des luttes qui s’en inspirent, les tenants du système engagent une véritable guerre idéologique en s’appuyant sur ses aspirations pour les détourner. Et cela va bien plus loin que l’émergence d’un « capitalisme vert ».

Ils se servent des craintes réelles et justifiées du dérèglement climatique pour pousser non au changement, mais au dessin d’un avenir noir, au désespoir et à la culpabilisation des individus et des peuples. Il n’y a plus un JT, plus un reportage qui ne montre les dangers pour l’environnement et qui en appelle à la responsabilité des comportements humains, masquant les responsabilités du système. Cette guerre idéologique présente la destruction de l’humanité et de la planète comme un destin inévitable. Dans ces conditions elle promeut les solutions individuelles ou extrêmement partielles de sauvetages, des bricolages qui n’ont rien à voir avec les enjeux réels et écartent l’idée d’un autre monde possible conciliant progrès humains et sauvegarde de la nature.

Les climato-sceptiques, ceux qui nient les problèmes environnementaux, l’urgence de solutions, ne font que nourrir cette guerre idéologique menée pour, au final, sauvegarder l’ensemble du système.

À cette guerre idéologique, il faut riposter en dessinant la convergence des urgences : l’urgence démocratique quand se dégradent partout les rapports entre les citoyens et les pouvoirs et se renforcent les ségrégations (de genres, ethniques…); l’urgence sociale face aux reculs des droits du travail ; l’urgence climatique ; et l’urgence pacifiste face aux tensions. Sans doute j’en oublie…

C’est pourquoi la tache décisive des acteurs les plus déterminés de la transformation sociale devrait être de faire de ces aspirations et mouvements de véritables projets politiques et d’en chercher l’union. C’est ce que devrait engager l’élaboration d’une véritable stratégie de dépassement du capitalisme et de l’appel à la construction patiente d’une force politique neuve, réunie pour la mener. C’est cette tentative qui manque cruellement aujourd’hui. Et ce manque laisse le champ libre au désespoir d’un capitalisme destructeur.

 

Écrire commentaire

Commentaires: 4
  • #1

    Sylvie Mayer (vendredi, 09 août 2019 18:42)

    je transmets largement...

  • #2

    denis le duigou (vendredi, 09 août 2019 18:54)

    je transmets également largement autour de moi

  • #3

    Marc Chapiro (samedi, 10 août 2019 23:59)

    J'ai bien lu, ça progresse, on arrête d'être à la remorque du mouvement inéluctable de la fin du monde. Donc on reprend une initiative basée sur l'intelligence, et aussi sur les alternatives techniques pour maintenir et développer la réponse aux besoins des humains. Dans ce sens-là, Olivier, ça me va un tout petit peu...

  • #4

    Olivier Mayer (mardi, 13 août 2019 14:57)

    À propos de « la guerre idéologique autour du climat »

    Des critiques (aussi amicales que bien senties) ont remis ma colère sur de bons rails. Elles jugent avec raison qu’on ne peut parler de « guerre idéologique » menée par les tenants du système pour détourner la grande aspiration populaire écologiste en s’y appuyant. Telle n’est pas, à l’évidence, l’attitude de Trump ou des dirigeants européens promoteurs du Ceta. Ou de Macron en général. Ils se cabrent au contraire dans le déni et le laisser faire ultra-libéral
    Cette réflexion estivale tenait donc sans doute à l’effet de la canicule sur un cerveau déjà généralement paresseux.
    Et il est vrai que les tenants du système capitaliste ne sont plus à même d’offrir une autre perspective qu’un « après moi le déluge » dévastateur.
    Ce qui renforce encore ma colère envers les forces politiques de la transformation, le PCF, la FI, Génération ou aussi EELV et le PS, incapables chacune - et encore moins ensemble - d’esquisser la moindre stratégie pour dépasser le capitalisme et en finir avec ce système.
    J’ai par contre parlé, dans mes brumeuses réflexions, de la nécessité de travailler à « une convergence des urgences », et je maintiens que c’est, selon moi, le chemin fécond d’une stratégie offensive contre le système du capital.
    La créativité des forces politiques de la transformation (et j’attends surtout du PCF à cet endroit), l’appel à construire une nouvelle force politique donnant une expression et un projet politique à ces urgences aujourd’hui éparpillées, voilà ce qui manque à cette magnifique prise de conscience des peuples et de la jeunesse. Cela donnerait à ces aspirations, ces comportements individuels et collectifs de recherche d’une nouvelle façon de produire, de consommer et de vivre, à ces luttes montantes, la puissance d’une vague d’espoirs.