Je ne signerai pas l'appel « rallumons l'étincelle du Front de gauche » 

 

Je ne signerai pas l'appel « rallumons l'étincelle du Front de gauche » bien que je respecte et que j'aime ses signataires, pour ceux que je connais.

 

C'est donc à regret que je ne me retrouve pas sur ce texte, dans cet appel, parce que je pense qu'il ne nous offre aucune solution pour affronter les enjeux réels de 2017

 

À juste titre, les signataires regrettent « les divisions stratégiques et les compétitions de personnes ou d'organisations ». Je les regrette aussi, mais le fait est qu'elles existent et qu'elles ne sont pas artificielles.

 

Les divisions stratégiques ne sont pas nouvelles. Elles ne sont pas anormales non plus. Elles prouvent simplement que l'existence du Front de gauche ne gomme pas la diversité des différentes forces qui le composent. On peut chercher à les surmonter par le débat et ce n'est pas ce qui s'est passé. Mais on ne peut pas les gommer ainsi.

 

Même s'il aurait fallu faire effort pour rendre cela possible, je ne pense pas que par un coup de baguette magique, l'adhésion directe au Front de gauche aurait permis de surmonter ces divisions. À moins qu'on veuille que le Front de gauche supprime ou rende obsolètes les partis qui le composent, et ce n'est pas ce que je souhaite. Un débat loyal, débarrassé des exclusives, des insultes et des arrières pensées, aurait certainement fait progresser les choses, peut être levé les malentendus. Cela n'a pas été possible et c'est dommageable. On ne peut pas débattre vrai à partir de fausses prémisses. Or il y en a eu trop. Ainsi, par exemple, affirmer qu'on ne peut suivre Pierre Laurent qui serait favorable à des primaires de toute la gauche de Macron à Mélenchon tue le débat parce que c'est faux.

 

Mais je ne veux pas m'étendre sur ces regrets. N'ayant pas tourné la page du Front de gauche en ce qui me concerne, je crois que s'il ne s'agit que de renouer avec ce qui s'est fait en 2012 et depuis, à quelques corrections près, ça ne répond pas aux conditions de notre combat aujourd'hui. Au moins pour trois raisons.

 

La première c'est la politique suivie par Hollande et son clan depuis 2012. Cette politique, bien plus loin que ce que tout le monde avait imaginé, a totalement rompu avec les valeurs, les marqueurs, avec tout ce qui est la gauche. C'est une politique libérale, dictée par les marchés financiers et le Medef. Le résultat est un pays défiguré dans son essence sociale et républicaine, une crise qui s'est approfondie de façon considérable, une rupture démocratique consommée. Il nous faut mesurer l'importance, la situation nouvelle que cela a créée. Il nous faut aussi regarder que nous n'avons pu empêcher cette dérive de s'accomplir jusqu'au bout, même avec l'espoir qu'avait fait naître le Front de gauche. Prenons en considération cet élément.

 

La deuxième raison qui découle de cette première, c'est que l'enjeu des élections de 2017 est d'une exceptionnelle gravité. Si rien ne se passe, nous allons à la présidentielle avec un match à trois, Marine Le Pen, le candidat de droite et Hollande. Et ce dès le premier tour du fait du phénomène du vote utile. Et le risque, c'est un duel Droite / FN au second tour parce qu'il est impossible qu'une candidature Hollande ou un autre qui poursuivrait cette orientation puisse mobiliser et rassembler la gauche. Si rien ne se passe qui vienne bouleverser ce paysage déjà bien installé, la gauche, y compris le Front de gauche quelque soit la configuration dans laquelle il se présente, sera absente du débat, hors jeu, et les aspirations populaires seront défaites. Pour de longues années, les conséquences peuvent être terribles. Libre court sera laissé à ceux qui veulent en finir avec la gauche pour faire émerger un bloc social libéral alliant les restes du PS et une partie de la droite. Si rien ne se passe...

 

La troisième raison est que les forces disponibles dans la société pour bousculer cette situation non seulement restent considérables, mais il n'est pas exclu qu'elles puissent rapidement se renforcer, reprendre confiance et se mettre en mouvement. Des éléments de droitisation existent dans la société. Mais en même temps, globalement nos concitoyens n'admettent pas les renoncements, les abandons des caractères progressistes de la société française. Et ces derniers temps, nous assistons à l'émergence de deux mouvements importants : une relance du débat à gauche et les débuts prometteurs d'un mouvement social, notamment à propos de la loi Travail. Le début de mise en mouvement des jeunes est sans doute très important, révélateur et prometteur. Faire progresser et converger ces deux mouvements peut bouleverser la donne de la fin du quinquennat.

 

La question qui nous est posée n'est donc pas celle d'une initiative conservatoire du Front de gauche lui permettant de figurer au mieux en 2017. La question est d'imaginer une initiative politique permettant un front bien plus large, plus citoyen aussi et plus populaire, pour un rassemblement gagnant en 2017, ou au moins si puissant qu'il impose, quoi qu'il en soit, l'option de gauche dans le débat électoral et dans les résultats.

 

Je ne pense pas que la candidature « JLM 2017 » réponde à cette question. Je ne pense même pas qu'une candidature collective Front de gauche puisse le faire. Je pense qu'il faut imaginer un rassemblement plus large, et donc se tourner vers toutes les forces, tous les citoyens disponibles pour un débat de contenu et l'action.

 

C'est à ces questions qu'à mon sens, le Parti communiste et les communistes doivent aujourd'hui répondre avec d'autres et notamment tous les partenaires du Front de gauche qui le souhaitent.

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires: 7
  • #1

    chaumard (vendredi, 04 mars 2016 07:49)

    Tout à fait d'accord avec toi

  • #2

    Mazas Jean (vendredi, 04 mars 2016 09:05)

    Je partage entièrement cette analyse. Mélanchon seul part battu, il pense "découper" un électorat à la gauche de la gauche, sans dynamique unitaire (c'est le moins que l'on puisse dire s'agissant de l'auto-proclamation de sa candidature). C'est quoi son intérêt? Fidéliser une clientèle? A juste titre les échéances de 2017 appellent à une dynamique unitaire avec la construction d'un programme de gouvernement.

  • #3

    THOMAS (vendredi, 04 mars 2016 10:25)

    le front de gauche avec l'élan qu'il a créé en 2012 avec son programme "l'humain d'abord", porté magistralement par Mélenchon (n'en déplaise à certains) et les quatre millions de voix obtenues (en dépit de la pression médiatique ,PS et droite confondus)avait suscité un grand espoir. Hélas, les élections municipales de 2014, à géométrie variable voulue par P. Laurent et l'égo de quelques responsables du PCF, ont conduit à rendre le front de gauche illisible aujourd'hui, avec un PCF de plus en plus inaudible et totalement marginalisé. Voila le résultat et la situation telle que nous la vivons objectivement

  • #4

    gisele cailloux (vendredi, 04 mars 2016 11:55)

    MR Thomas : 4 millions de voix, 11% mais au 3e tour, deux fois moins de députés qu'en 2007 avec MG.Buffet et ses 1,93%. Faut peut être aussi réfléchir là dessus. Il faut aussi réfléchir au fait que ces 4M de voix ne sont pas un acquit, élections après élections, les sondages ont montré qu'une moitié de ces voix se dispersait dans toutes les directions ou ne votaient plus même avec des candidatures FdG. D'autant que le candidat du FdG 2012 à largement montré qu'il a gardé ses mauvaises manières de l'OCI. Après, on parle de l'égo de qui? Soyons sérieux. Si quelqu'un a un égo démesuré, c'est pas Pierre Laurent. Après je partage une bonne partie du texte. 2017 n'est pas 2012. En 2012, il fallait un bon score pour peser sur les choix du futur président Hollande. En 2017, il nous faut sortir du scénario annoncé : un premier tour avec 3 candidats de droite : Hollande, Juppé, Lepen et un 2e tour Juppé, Lepen. Il faut donc un rassemblement bien au delà du FdG. Mélenchon est tout sauf rassembleur. Mais au pire, si on arrive au bout de la démarche, il pouvait être candidat à la candidature. Mais sa démarche à lui, c'est je suis candidat à la candidature et je construit autour de cette candidature le mouvement qui va la soutenir.

  • #5

    RuIz (samedi, 05 mars 2016 07:59)

    NON À UNE PRIMAIRE, OUI POUR UN TOUR PRÉLIMINAIRE :

    Avec une primaire pouvant conduire à une candidature unique au 1er tour de l’élection présidentielle de la droite et du centre, nous ne sommes plus dans la même situation qu’en 2012.

    Hors le choix d’une 6ème république, existe-t-il une voie entre celle proposée par JL Mélenchon et celle proposée par P. Laurent, pour espérer la qualification au second tour d’une candidature alternative à la politique de F. Hollande, à la droite et à l’extrême-droite ?

    Ne devrait-on pas nous engager dans un tour préliminaire citoyen à l’élection présidentielle, co-organisé par les formations politiques se revendiquant de la gauche et de l’écologie ?

    Ce tour préliminaire permettrait de débattre des projets, sans avoir à partager de socle commun. Chaque citoyen se déterminerait ensuite comme il ou elle l’entend à chaque tour de l’élection préliminaire et présidentielle.

    Il permettrait aux citoyens de gauche et écologiste de désigner le ou la candidat-e qui les représenterait au 1er tour de l’élection présidentielle.

    Jean-Luc Mélenchon ou toute autre candidature alternative à celle de François Hollande, suffisamment rassembleuse, serait en mesure de battre le président sortant dans ce tour préliminaire. C’est certainement la seule voie possible pour espérer un changement de cap, une victoire de la gauche et des écologistes en 2017.

  • #6

    jean paul duparc (samedi, 05 mars 2016 15:26)

    J’ai lu les motivations d’Olivier pour ne pas signer l’appel « Rallumons l’étincelle du FDG ». Pour autant, l’expression même de ses motivations renforce ma perplexité. (……)
    Vous trouverez sur le site lefrontdegauche.fr l’intégralité de cette réponse http://www.lefrontdegauche.fr/jean-paul-duparc-repond-a-olivier-mayer/
    (….) elle se termine en citant le bloc note de Jean Emmanuel Ducoin dans l’Humanité des Débats de ce vendredi 4 mars : « sur un point assez fondamental pour maintenant et demain : Ne laissons pas le FDG se déliter, se rabougrir et au final dépérir. Quoique nous en pensions, et sans rien idéaliser, il reste la seule force politique authentiquement de gauche qui incarne la rupture dont nous rêvons tous et qui a su agréger à lui cette espérance populaire mobilisatrice. 2017 ne sera pas 2012. Mais sans le FDG, qui peut prétendre sérieusement que nous ne serions pas menacés de marginalisation ? »

  • #7

    GG (mercredi, 09 mars 2016)

    ". La question est d'imaginer une initiative politique permettant un front bien plus large, plus citoyen aussi et plus populaire, pour un rassemblement gagnant en 2017, ou au moins si puissant qu'il impose, quoi qu'il en soit, l'option de gauche dans le débat électoral et dans les résultats."
    "Je pense qu'il faut imaginer un rassemblement plus large, et donc se tourner vers toutes les forces, tous les citoyens disponibles pour un débat de contenu et l'action."
    Je ne comprends pas grand-chose à tout ce langage très abstrait. Mais jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour créer ce rassemblement? Il faut remettre l’idée communiste au centre du débat, au centre du projet. Si vous êtes communiste vous devez savoir que tant qu'on ne posera pas la question de la propriété des moyens de production rien ne sera possible. Or je ne vois rien de cela dans vos propos, ni dans ceux de Pierre Laurent. Arriver au pouvoir, pour arriver au pouvoir sans le pouvoir, c'est nous ramener en 1981 ou plutôt en 1983, c'est nous exposer à de futures reculades. On en voit le résultat aujourd’hui. On voit ce qui est arrivé à Syriza. On ne rassemble pas des hommes et des femmes autour d'un" programme", d'une «plateforme". On rassemble et on mobilise sur un idéal, sur un projet de société. Ce projet de société doit être en rupture totale avec celui que nous proposent les sociaux libéraux. Mais pour se donner une chance de réussite il faudra bien affronter un jour de front les forces du capital, en mettant sur la table les questions qui fâchent: comme le droit au salaire à vie, la suppression de la propriété lucrative au profit de la propriété d'usage(ne t’appartient que ce que tu utilises).... Voilà les questions avec tant d'autres qu'il faudra bien un jour mettre sur la table si nous voulons gagner la bataille, car c'est bien d'une bataille qu'il s'agit. Les forces réactionnaires sont déjà en ordre de marche, elles ne se sont jamais senties aussi puissantes, on le voit avec" la loi licenciement".
    "La lutte de classe existe, et nous l'avons gagnée" Warren Buffett, prouvons lui le contraire! Ces gens-là ne comprennent qu’un seul langage le rapport de force, tout ce qui leur a été arraché l’a été par la lutte. Le compromis social libéral nous conduit inexorablement à l’impasse de la compromission, voir l’état de « la sociale démocratie en Europe ». Elle s’est disqualifiée et appartient au passé, on ne fait pas du neuf avec du vieux, ne recommençons pas les erreurs du passé. Alors se rassembler oui, mais avec qui et pour faire quoi ?
    JL Mélenchon nous propose une réponse, elle a le mérite d'exister en attendant la votre. Mais attention allez au pouvoir sans prendre le pouvoir là ou il est ( Mitterand en 83) c'est forcément décevoir.