Mes pensées quotidiennes des jours de décembre 2017

1er décembre 2017.

Quand je suis perdu, je regarde loin. Au-delà du virage, le chemin continue. Juste après le grand chêne, une forêt se cache. Derrière la colline s’étend une autre plaine. Et sous la mousse, au nord, la pierre frémit encore. C’est là que je me retrouve, à deux pas de l’horizon. Mais pas devant, deux pas derrière l’horizon.

 

2 décembre 2017

Ce soir, j’ai failli oublier de livrer une pensée quotidienne. Et je me suis dit à quoi penses-tu ? J’oublie tout en ce moment, je ne suis plus du tout à ce que je fais, je mets les pouces. Je me sens comme une araignée au bout de son fil, guettée par un oiseau qui attend le bon moment. Et j’ai très peur.

 

3 décembre 2017

Les beaux discours, belles envolées, grands principes, sont parfois mis au service de bien vilaines causes. Ou servent simplement de petits desseins. À moins qu’ils ne masquent de très grandes lâchetés. Le peuple un moment subjugué applaudit, les admire, avant que tout ne s’effondre. Ce peuple dont toujours on se réclame, n’a pas soif de paroles (si prophétiques soient-elles), mais d’une vie digne dans un paysage neuf. L’orateur, tout à la satisfaction de lui-même, poursuit sa causerie inutile et corrompue, ignorant qu’il faut s’élever très haut pour pouvoir enfin toucher le sol. 

 

4 décembre 2017.

S’il me fallait cinq ingrédients pour reconstruire le monde, je choisirais de l’eau pour les cascades, du vent pour balayer la cour, un plan de tomate-cerise qui vaudrait pour deux fruits et légumes par jour. Il me faudrait un oiseau pour le chant du matin. Et il ne me reste qu’un choix, alors ce serait elle. Qu’elle vienne comme elle est, je ne lui demande qu’une chose, d’apporter tout le reste.

 

5 décembre 2017

Trop d’heures passées devant, je me suis crevé les yeux sur l’ordinateur aujourd’hui. Et quand je me suis aperçu que je ne voyais plus rien, j’ai cliqué un peu au hasard. Mais le pointeur de la souris n’était pas sur l’icône « enregistrer » mais sur une icône qui suggérait plutôt une « poubelle ». Je me suis dit pas grave, je vais ouvrir la poubelle et retrouver tout ça. En oubliant que je ne suis qu’un adepte du double clic, (le simple clic je ne sais pas faire, ceux qui me connaissent dans la vie réelle comprendront). Donc de double clic en double clic… Enfin de toute façon, ce n’était pas bon.

 

6 décembre 2017.

La mer est devenue sans objet. Sur le flot vide, quelques barques tanguent, inutiles et accablées. Le reste de la flotte, voiliers en tête, s’est mise au sec à l’abri des grands frais. Abandonnée, l’océan murmure son oisiveté. Parfois il prend la teinte de l’acier, et son immobilité solide. L’océan a trop peur de se voir liquidé.

 

7 décembre 2017

Hier matin j’étais attristé. La faute à Johnny. Je n’étais pas fan, mais j’aimais bien. Et je ne suis pas insensible. Donc j’étais attristé. Normal. Hier midi, j’étais dubitatif. Genre : « Ils n’en font pas un peu trop ? » Emissions spéciales sur toutes les chaînes, les JT au sujet unique… Hier soir, la moutarde m’est montée au nez ! La démesure, la course au poncif. Un dieu vivant est mort ! « Sur scène, le grand fauve sauvage » Un homme qui vous fascinait de son regard bleu pâle. « Et si proche du peuple ! » « Ami de tous les présidents ». « La France personnifiée », l’hommage unanime…. Mais ils vont me le faire le détester ! Aujourd’hui je suis très interrogatif. Je n’ai pas les outils, mais j’aimerais que sociologues et anthropologues répondent à ma question : « Pourquoi ce déferlement hystérique dans l’hommage ? Pourquoi ? Ça a quel sens ? » Et qu’on ne me dise pas qu’il était populaire ! Je le sais ! Mais quand même !

 

8 décembre 2017

J’invente un ciel. Avec ce qu’il faut de bleu pour veiller et du gris, déchirure plus sombre. Il y faudra de l’or, une tâche creuse, on y placera les importuns. Et il y aura surtout du rouge. Pour la rage des grands desseins. Pour l’éclat des espoirs déraisonnables. Pour dire au monde je suis là et faire place au ciel du lendemain.

 

9 décembre 2017

Tout est à sa place et tout va bien. Ce matin Vannes – Paris en TGV. Midi récupération de Timothée gare Montparnasse. Cet après-midi retour Paris – Vannes en TGV. Maintenant tout est à sa place : la tortue dans sa boite, Timothée sur sa moto (il joue les bikers en hommage à Johnny) et Papy devant l’ordi. Tout va bien.

 

10 décembre 2017.

Y en a marre ! Franchement Timothée, tu es décourageant ! Tu as deux ans à peine, ne l’oublie pas ! D’abord tu reconnais toutes les lettres de l’alphabet et tu sais même que le « m », c’est pour « maman » et le « t », c’est pour « Timothée ». Bon ok, mais ça, moi je le sais aussi. Mais quand tu m’as dit que ce chausson, c’était le gauche, là, tu exagères. Moi il me faut au moins dix-sept secondes pour te dire où est la droite et la gauche et toi, tu es capable de le dire en deux secondes ! Tu pourrais au moins faire semblant de te tromper de temps en temps. N’empêche que le chausson, c’est moi qui te l’ai enfilé ! Et c’est moi qui t’ai appris que pour manger, il suffisait d’ouvrir le garage à hélicoptère… et plein de trucs comme ça !

 

11 décembre 2017.

C’est Paul Eluard qui a dit que «  le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré ». Un autre Paul, Verlaine ce coup-ci, écrivit dans « Les fêtes galantes » :

« Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,/ En sorte que, selon le terrain et le vent,/ Parfois luisaient des bas de jambes trop souvent/ Interceptées ! – et nous aimions ce jeu de dupe. »

Et Souchon, autre poète sans nul doute, en fut inspiré.

 

12 décembre 2017.

Timothée fabrique des ponts de coussins sous lesquels passent des clowns multicolores. Timothée lit des livres où la coccinelle est aventureuse, où la petite camionnette devient un énorme quarante tonnes en une seconde. Timothée écoute les histoires de son grand-père où un hérisson hirsute se met des bigoudis pour séduire la princesse grenouille… Mais ce que Timothée préfère, c’est jouer avec les raies de lumière du soleil du matin. Sa main danse dans le rayon qui la chauffe. Puis Timothée dit « tention ! » pour attirer notre attention. Et quand il est certain que nous le regardons, il lance le rayon de soleil le plus fort possible, fait mine de le suivre du regard… Jusqu’à la lune. Alors il dit : « Lune ! »

 

13 décembre 2017

Moi je vous le dis, le monde marche à l’envers ! Preuve : dans le milieu du siècle qui nous précède, on a lancé un spoutnik. Les hommes, à ce moment, tournaient leurs regards lumineux vers les étoiles Tout autour de la terre, on entendait son conquérant « BIP…BIP…BIP… ». Désormais, on ne s’occupe plus des étoiles parce qu’on ne s’occupe plus vraiment des hommes. On s’occupe du pognon. Tout autour de la terre, on entend un lamentable « PIB…PIB…PIB… » À l’envers je vous dis !

 

14 décembre 2017

Il agace un peu, parfois, le Timothée. Quand il répète à peu près vingt-sept fois de suite que la porte du garage se lève (ce qui en langage timothéen se dit « pote gaya lé ») et à peu près autant de fois que la porte du garage se ferme (« pote gaya fèm »). J’ai beau lui dire oui à chaque fois, rien n’y fait. « Pote gaya lé »; « pote gaya fèm ». Au bout des 27 fois, on passe à autre chose. « fèm voyet, nuit deyor » par exemple. Ou alors « no pom, manhyé fomage », tout se dit au moins douze fois. On trouve aussi « bo chosso ta lianger », pour dire que ses chaussons (qui sont beaux) sont sur la table à langer. Comprenez-moi, j’ai beau être cool, comme papy, c’est saoulant à la fin ! Je m’apprête à gronder un peu, je m’approche… Alors je vois un frisson de plaisir saisir tout le corps de Timothée, et le voilà qui se jette dans une sorte de danse de Saint-Guy en rigolant tout ce qu’il peut. Là je craque et je le mange (et je pleure un peu).

 

15 décembre 2017

Je cherche à voir clair. Mais où que je me tourne, le monde s’est éteint. – Brouillé tu veux dire ? – Non éteint. L’obscurité plus que le brouillard. –Mais alors comment cherches-tu à voir clair ? – Je creuse, je creuse profond, au plus profond du poème.

 

16 décembre 2017

L’hiver range ses affaires. Dans le recoin du square, les corbeaux se régalent. La chasse aux enfants du lointain s’est ouverte. Il y a peu de chance de trouver un cerf-volant dans les nouvelles du jour. C’est pourtant là que je le cherche.

 

17 décembre 2017

J’ai longtemps cru être un homme sans racine ? J’ai vécu à Paris où je suis né et en Région parisienne, l’Essonne, et le 9-3, Saint-Denis. Avec ça, on pourrait croire que j’ai des racines de première qualité, capables de percer le béton. Ensuite ce fut Nice, plus de vingt ans. Puis la région parisienne à nouveau et maintenant la Bretagne. Partout, j’ai envié les « gens du cru ». Les vrais Dionysiens, les vrais Niçois, les vrais Bretons, ceux d’ici… Aujourd’hui, moins. Est-ce qu’il me manque quelque chose de ce côté-là ? Non, en fait, je suis bien partout. Mes racines sont peut-être dans ma tête.

 

18 décembre 2017

Le vaccin antigrippe qui traîne depuis quelques jours déjà dans mon frigo ne m’a pas protégé de l’épidémie.

Il y avait journée du patrimoine sous les dorures, au programme du JT de France 2 hier soir. Avec commentaires péripatéticiens (de la pensée non aristotélicienne mais macroniste). Mais peut-être était-ce la grippe.

 

19 décembre 2017

Allongé sur le lit avec une mauvaise fièvre, j’ai le temps de penser aux choses. C’est une habitude bonne à prendre me semble-t-il. Il nous vient alors des pensées apaisantes. Par exemple je regarde ce crayon papier avec lequel j’écris (pour une fois). Je me demande s’il se souvient avoir été un arbre, il y a longtemps. Puis les pensées s’échappent vers des territoires plus angoissants. Par exemple là, alors que je tape ma pensée quotidienne. Je me demande quels peuvent bien être les souvenirs de mon ordinateur, quand il n’était pas encore ordinateur.

 

20 décembre 2017

Comment me vient ma pensée du jour ? Petite leçon de poésie profane. Le plus souvent je cherche un mot. Aujourd’hui, ce sera... « océan ». Ensuite je me demande ce que l’océan a bien pu faire aujourd’hui. Comme je suis un peu ronchon  et que je me méfie de mon penchant à m’épancher (pas mal le penchant à s’épancher), je me dis que l’océan a ri. Avec ça, je fais quoi ? Si je suis lugubre, je dis que l’océan a ri de la bêtise humaine etc... etc.... Mais comme je me méfie de mon penchant, je vais faire dans la plaisanterie fine. Et j’écris « l’océan a ri à s’en tenir les côtes ».

 

21 décembre 2017

Elle a dit vas-t-en. Et plus tard je ne veux plus te revoir. Elle avait posé sa main là, sur le mur de pierre, juste sur moi. Ce n’était pas la première fois qu’elle me touchait ainsi. Mais ce coup-ci nulle tendresse. Sa main bouillante, un tremblement de rage. Elle m’arracha du mur et me jeta à terre. J’avais été pierre, me voilà devenu caillou. Je suis plus libre, et bien plus malheureux.

 

22 décembre 2017

En même temps, on peut donner aux riches et prendre aux pauvres, en même temps... On peut démolir les services publics hospitaliers et privatiser, en même temps... On peut augmenter la CSG et supprimer l’ISF, en même temps... On peut faire la guerre et vendre des armes, en même temps... On peut durcir l’accueil des réfugiés et expulser les migrants, en même temps... On peut n’avoir rien à dire et le dire chez Cyrille Hanouna et Laurent Delahousse, en même temps... On peut se prendre pour Jupiter et se vautrer dans la vulgarité, en même temps... C’était une petite leçon de pensée complexe, en même temps...

 

23 décembre 2017.

Désormais il n’y a qu’un monde. Un seul pour tous. C’est pourquoi il doit être égal. Désormais il n’y a qu’une loi. Une seule pour tous. C’est pourquoi elle doit être juste. Désormais il n’y a qu’un horizon. Un seul pour tous. C’est pourquoi il doit être fraternel.  Mais le monde n’est pas égal, la loi n’est pas juste et l’horizon n’est pas partagé. C’est pourquoi de ce système-monde qui fait loi et borne l’horizon, il faut vite se débarrasser.

 

24 décembre 2017

Je me suis éveillé au cœur de la nuit avec en tête une pensée étrange. Ce soir je vais passer un réveillon familial, très bien. Mais comment partager ce réveillon avec tous mes amis FB, et les amis FB de mes amis FB, et les amis FB des amis FB de mes amis FB ? Ici, c’est un peu petit pour ça. Et j’ai trouvé une solution : on ne peut pas partager la table ou les huitres. Mais on peut partager le discours. Si tous ces amis tiennent ou entendent ce soir le même discours, alors on aura partagé le même réveillon. En tout cas un moment de ce réveillon. Mais il faut pour ça que le discours soit universel. J’ai donc écrit un discours universel de réveillon pour mes amis FB et les amis FB de mes amis FB et cetera... Donc : discours.

« Manifeste pour un réveillon collabourratif ! » (C’est le titre).

L’orateur _ Ce soir, conjuguons nos réveillons !

Les convives _ Tous à table, tous à table, oué ! oué !

L’orateur_ Je réveillonne, tu réveillonnes, il ou elle réveillonne, nous réveillons, vous vous réveillez, elles et ils révolutionnent !

Les convives_ Tout le pouvoir aux serviettes !

L’orateur _  Nous croyons au Père Noël, mais nous ne croyons plus à Emmanuel. (Petit moment de pensée complexe) En même temps, depuis le temps qu’il nous Trump ! 

Nous avons perdu la foi ! A bas la carotte, vive le foie gras !

Ouvrons les huitres, ouvrez les yeux, cassez la coquille, ça suffit comme ça : ils enfilent les perles, on leur brise les noix ! 

Les convives_  Plat d’ré-sis-tance, plat d’ré-sis-tance !

L’orateur_ Je comprends votre impatience ! Faut qu’ça saigne, Faut qu’les gens ayent à bouffer, faut qu’les gros puissent se goinfrer ! (Sur l’air des joyeux bouchers de Boris Vian) Plumons la volaille, ce soir on embroche, ce soir on découpe, ce soir on cisaille, c’est le grand soir !

Les convives_ C’est la Din-de fina-le ! (sur l’air de l’Internationale)

A ce moment, la Police intervient.

L’orateur_ Nous sommes ici par la volonté du peuple, nous ne sortirons que par la force des pelles à tartes ! Tatin, tatin, tatin, tatin, tatin,... (Sur l’air de La Marseillaise).

Les convives _ Et onze, et douze, et treize desserts !...

L’orateur_  Assez de Macron glacé, assez de Merkel itou, à chacun sa buche !

Les convives_ Allumez le feu ! Allumez le feu ! (sur l’air de « Allumez le feu ! »)

 

25 décembre 2017

C’est ainsi. Il me semble bien que nous approchons de l’année 2018. Gamin, j’avais une conscience aigüe de ma mort inexorable et du temps qui passe. Savoir que je vieillis est mon plus ancien souvenir, le jour anniversaire de mes 4 ans. Et le deuxième souvenir, qui suit de quelques jours, est savoir que je vais de toute façon mourir. Je n’ai pas très bien grandi, avec ça. Mais je m’étais fixé une sorte de limite : il ne pouvait rien m’arriver avant l’an 2000. Quand est arrivé l’an 2000, il se trouve que j’avais plus peur de vivre que de mourir. Ce sont les aléas de la vie. Tout ça pour vous dire combien, maintenant, ça va bien.  

 

26 décembre 2017

Je commence à penser à mes vœux pour 2018. Comment concentrer colère et projets... Rêves et raisons... Espoirs et actions... ? Quel souhait général et concret, ambitieux et réalisable ? Quel point de vue...  aujourd’hui et l’horizon, chacun et la multitude... ? Le grand concours de créativité militante est lancé !

 

27 décembre 2017

Ici, je ne sais même pas s’il y a un ciel ou non. Les rafales de vent se perdent dans la circulation automobile. Qu’importe,  je suis loin de la mer mais près de son visage.

 

28 décembre 2017

J’avais très bien compris « mdr ». Pour « lol », j’ai mis un peu plus de temps, je ne suis pas très doué en langues étrangères. Pour la langue, je préfère l’étrangeté. Ainsi par exemple, plusieurs de mes « post »( puisque c’est ainsi qu’il convient de dénommer mes interventions quotidiennes sur FB) ont été commentés par des « ptg ». Je viens de comprendre que mes amis me font ainsi savoir qu’ils ont « partagé » ces « post » sur leur propre Facebook. Ce qui est gentil et indulgent de leur part. Mais moi, quand je lisais « ptg », je pensais qu’ils commentaient mon intervention d’un « tu patauges ! » peu amical. Et connaissant certains plus intimement que sur FB, je m’étonnais de la sévérité de leurs jugements. Voilà, excusez mon incompréhension qui n’a finalement pas eu de conséquences trop graves. D’autant que la plupart du temps, j’ai donné raison aux « ptgistes » en me disant : « c’est vrai, tu patauges. »

29 décembre 2017

La tempête est annoncée pour demain sur les côtes bretonnes. Eh bien moi, demain, je prends la route et je mets de l’Ouest dans mes paysages. Je veux de la fougère et de la lande, je veux du granit noir, des ardoises qui se serrent, les volets bleus sur les murs blancs. Je veux les longères frileuses derrière les haies de thuyas. Je veux les branches des pins maritimes se tordre en vain dans la supplique d’un répit. Je veux voir la marée qui monte, la mer hachée de souvenirs d’écume et les grands goélands planer au ras des lames.

 

30 décembre 2017

Vous pourrez ainsi constater à quel point, le soleil continuera de se lever à l’Est, de se coucher à l’Ouest, sans rien changer à ses habitudes et en gardant sa belle humeur. Mais voilà c’est décidé. Il y a très exactement deux ans, le 1er janvier 2016, j’avais décidé (et même pris l’engagement) de publier sur ma page FB une pensée par jour. Ces deux années, chaque jour, j’ai tenu cet engagement strictement, sans jamais déroger. En vérité, je ne sais absolument pas pourquoi j’ai fait un truc aussi idiot. Mais qu’il pleuve, qu’il vente, que je sois malade ou bien portant, gai ou triste, que j’ai la plus grande difficulté à obtenir une liaison internet ou pas, même depuis mon petit voilier, chaque jour, pendant deux ans, j’ai livré à Facebook une pensée de mon cru. D’abord, il a fallu que je pense, première difficulté. Puis que j’écrive. Et ensuite, je me suis dit que si un jour, un seul jour, ma pensée ne suscitait aucun « like », j’arrêtais de suite. Ce n’est pas arrivé, j’ai continué. Mais aujourd’hui je déclare au monde (et même hors du monde) : c’est fini, je quitte demain la vie pseudo-poético-quotidienne. Je passe à autre chose. Quoi ? Je ne sais pas. Peut-être n’aurez-vous plus du tout de mes nouvelles. Ou peut-être d’autres nouvelles. On verra. J’en connais pour qui ce sera une bonne nouvelle. D’autres qui feront grise mine une demi-minute. Et j’en connais plein surtout à qui cela ne fera ni froid ni chaud. Ceux-là, au moins ne risquent pas d’attraper mal ! Bon voilà, c’était mon avant-dernière pensée quotidienne. Demain vous aurez la dernière et ensuite, on éteint la lumière.

 

31 décembre 2017

Et me voilà au dernier jour de 2017. Je mets ensemble les colères et les frustrations de l’année, et mes convictions rageuses, et les espoirs déçus avec les obsessions obsolètes. J’en fais une grosse boule que je suspends à l’érable de la rue. A minuit, ma belle, nous nous embrasserons juste en dessous. Et des lèvres, de la langue, de toutes les caresses possibles, nous appellerons le renouveau. Nous y mettrons nos attentes pressantes, nos raisons improbables, nos imaginations audacieuses, et nous n’oublierons pas d’y ajouter ce qu’il faut de mauvaise foi. Alors, avec toute l’ardeur d’une jeunesse jamais perdue, nous déclarerons au monde que demain est maintenant, qu’il en est fini de résister, et que l’heure est à la conquête. Et que tout, déjà, a commencé.

 

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