Mes pensées de février 2020

1er février.

Ce soir, encore au théâtre Anne de Bretagne de Vannes, pour un concert de Marc Lavoine :

« Un soleil inattendu ne se refuse pas

Je ne t'oublierai jamais, je reviens à toi

Si c'est Dieu qui l'a voulu, c'est un jour de joie

Il y a de la poésie dans cette vie, je crois »

 

2 février

Ce soir avec elle, petite promenade, on voulait aller jusqu’au bord de l’eau. Il n’y avait pas un nuage, ou plutôt un seul et nous étions dedans. Il ne pleuvait pas, c’était juste de petites gouttes en suspension. La mer n’était pas là. Elle s’était retirée on ne sait où, sans doute se cacher dans un trou bien profond. La honte ou le désespoir va savoir. Et il n’y avait pas un seul oiseau non plus. Je lui ai demandé si nous, au moins, nous étions bien là. Elle m’a dit on va faire un « selfie » (un autoportrait de nous deux, il parait que ça fait genre). Bon elle m’a dit regarde mon téléphone et souris. J’ai souri à son téléphone. Elle m’a dit « tu vois ? » Elle était là, sur l’écran de son téléphone, avec son sourire. Moi j’en suis moins sûr. 

 

3 février

Je ne sais quelle mode pousse à élaguer les arbres autour de chez moi, jusqu’à n’en laisser que le tronc, et parfois quelques-unes des plus grosses branches. C’est assez horrible. On me dit que ça va repousser. En attendant, de vieux troncs tordus, noirs et difformes viennent enlaidir mon paysage. On dirait des futurs retraités si la réforme Macron passe. (Disant cela, je n’en veux pas à ces malheureux futurs retraités, je n’en veux pas non plus à ces malheureux troncs d’arbre.)

 

4 février.

Du théâtre ce soir à Vannes. « Les naufragés », un texte poignant de Patrick Declerck, mis en scène par Emmanuel Meirieu et magnifiquement dit par le comédien François Cottrelle. Homme de lettre, Patrick Declerck livre le récit de son immersion  comme ethnologue dans le « refuge » Nanterrien qui « accueille », des clochards de Paris, puis comme psychanalyste auprès des gens de la rue à la Mission France de Médecins du Monde. Un récit de l’abominable au quotidien, et pourtant plein d’une retenue qui révèle, mieux que la révolte, l'inhumanité de cette vie en marge. En point d’orgue de ce récit, une question : « Y a-t-il une vie avant la mort ? » L’auteur n’y dénonce pas seulement l’indifférence, le manque de moyens pour accueillir et aider comme il se doit cette population en danger. Il y dénonce aussi l’insanité du moule dans lequel « l’Institution » et la société veulent faire entrer des individus à qui ce moule ne peut convenir.

À ce propos, je me permets une anecdote (que j’ai par ailleurs déjà contée). C’était à Nice, lors d’une de mes conversations avec l’auteur de bande dessinée Edmond Baudoin. J’avais écrit une nouvelle, publiée dans une revue, sur l’arrêté municipal pris par le Maire RPR-FN Jacques Peyrat pour interdire la mendicité en centre-ville de Nice. Edmond, qui avait apprécié la nouvelle, m’avait dit alors : « Tu vois Olivier, j’espère que sous le communisme, il y aura encore des clochards, des gens qui ne peuvent pas et ne veulent pas vivre comme tout le monde. Et j’espère que la société les considérera comme il convient ». Je me souviens de cette discussion parce qu’elle avait, pour une très grande part, transformée ma façon d’être communiste.

 

5 février

Je suis à Paris, arrivé sans encombre par le train (à l’heure) Gare Montparnasse. Je descends du wagon, et je marche vers la sortie de la gare avec l’intention de prendre le métro. Mais non sans crainte... Je me demande... J’hésite... Est-ce bien raisonnable ? Car après la RATP, les éboueurs, après les gilets jaune et les gilets rouges, les avocats, les enseignants, après Martinez, les infirmières, les étudiants, les services d’urgence, les médecins, les raffineurs (peu raffinés d’ailleurs, les raffineurs) les kinés, les Ehpad, les danseuses de l’opéra, les lycéens et les choristes de Radio-France... enfin, après les grèves qui gênent, les grèves qui polluent, les grèves qui prennent en otage, les grèves qui ruinent les petits commerces, les grèves qui détruisent la France, les grèves qui donnent une mauvaise image de notre pays, les grèves qui découragent les investisseurs, les grèves qui exaspèrent les patrons (pardon les entrepreneurs), les grèves qui démoralisent... Moi qui, de ma Bretagne profonde ne voyait les « événements » que depuis la petite lucarne de mon grand écran plat, que depuis les commentaires de Léa Salamé... Je me demandais donc : « mais dans quel état vais-je trouver la capitale ? Reste-t-il seulement une capitale ? » Et bien j’avais tort de me faire du souci. Car le premier francilien que j’ai vu à la sortie de la Gare Montparnasse a voulu me taper un euro contre le journal des SDF. Et je m’en souviens bien, il était déjà là lors de mon précédent séjour il y a trois mois. Me voilà rassuré ! 

 

6 février

À Paris aujourd’hui : surprise, il y a manif ! Bon, c’est plutôt quand il n’y a pas manifestation que c’est la surprise, ces temps-ci. Moi, ça faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds dans une manifestation parisienne. Je ne veux pas dire du mal de la province, mais une manif à Paris, ça a du chien, quand même. Là, boulevard Voltaire, entre République et Nation, quand tu passes par le métro Charonne, tu te dis que tu as un peu rendez-vous avec l’Histoire. Le mouvement... Le mouvement ouvrier... Ils ont beau faire, le Macron et ses maîtres, ils ne l’auront pas comme ça, le mouvement ouvrier... C’est une chose qui se voit, c’est une chose qui se sent... Même si tu sais que pour l’écrire encore, l’Histoire, il y a du boulot. Un sacré morceau de travail !

 

7 février

« Il faut trembler pour grandir », a dit le poète René Char. Et moi, je m’étonne d’être si petit.

 

8 février

Le ciel est noir ce soir, il n’y a pas de lumière dans mon paysage. Et pas d’étoile pour éclairer mes rêves. Juste les échos d’une fête tapageuse chez les voisins. Je ne suis pas impatient de dormir, sachant ce que me réserve la nuit. Pourtant il y a sa chaleur, consolante, attirante. Je fais ce que je peux pour la mériter. Jamais assez.

 

9 février

Elle est déjà couchée et me demande de la rejoindre. Je lui dis que je n’ai pas encore écrit ma pensée quotidienne. Et j’ajoute : « À propos tu n’aurais pas une petite idée de pensée pour aujourd’hui ? » Elle me dit « parle de la tempête ». Que pourrais-je bien dire à propos de la tempête ? Que je m’inquiète un peu de la grue de chantier immense qui domine notre maison ? En fait elle ne m’inquiète pas vraiment. Je ne vais pas y penser et vous ennuyer avec ça. La tempête, elle souffle sur des territoires déjà explorés, elle n’apporte rien de bien nouveau. Alors pourquoi y penser ? C’est décidé : aujourd’hui je pense à des choses qui ne vous regardent pas vraiment.

 

10 février

Je sais que c’est exagéré, que le « tout ou rien » n’a guère de signification. Et puis il faut, comme on dit, « faire avec ». Mais quand je mesure combien, en politique mais pas seulement, la proclamation pompeuse de l’existence des individus, des groupes ou des partis, de leur intérêt propre, prend le plus souvent le pas sur les idées, les idéaux, les valeurs, les nobles stratégies… Quand je vois comment notre temps est désormais voué à l’affirmation identitaire… Je ne peux que me reconnaître dans ce que disait le poète Friedrich Hölderlin : “Nous ne sommes rien. Ce que nous cherchons est tout.”

 

11 février

Première journée avec mon petit-fils Timothée à Arradon. On l’a ramené hier de Paris. Il a mangé, puis il a dormi, puis il a mangé, après il a joué, puis il a mangé et il a dormi… Là il joue, puis il va manger, puis il va dormir. Après avoir joué quand même. On le garde 15 jours, toutes ses vacances d’hiver en Bretagne. Si je vous raconte ça tous les jours, ça va peut-être vous sembler long… Et bien pas à moi.

 

12 février

Notre salle de séjour s’est transformée depuis ce matin en un vaste réseau ferré, où circulent des trains improbables de Lego et de Duplo. Des trains comportant au minimum 17 wagons multicolores. Le carrelage est devenu une voie ferrée, la table est un tunnel, les chaises des ponts. Le placard est une gare et la table basse le terminus. Sur le quai, (le troisième carreau après le coin de la table), j’attends de pouvoir monter dans le wagon numéro 12 où j’occuperai la place 34. Tout cela sous les ordres de Timothée qui, du haut de ses 4 ans, règne sur le réseau comme un Guillaume Pépi omnipotent. D’après lui, ce ne sont pas des TGV mais des RER. 

Je lui demande qui conduit les trains et il me répond en haussant les épaules : « Ben, c’est moi ! » Je lui demande si, parfois, il fait grève. Il me répond que non. Alors je lui demande pourquoi il ne fait pas grève. Il réfléchit un moment et me dit : « Parce que tout ça, c’est pour de faux ! »

 

13 février

Un quart d’heure de retard. Ma pensée du 13, je l’écris le 14 et ce n’est pas de ma faute. Ce soir Timothée était malade, j’étais à une réunion de campagne municipale,  j’étais triste que Timothée soit malade, et quand je rentre à presque minuit, elle, elle qui se couche d’habitude avec les poules, elle était là debout, parce qu’elle a dû veiller Timothée qui était malade et que j’étais en réunion. Et comme je suis rentré triste parce que Timothée était malade, elle a dû me consoler un peu aussi, bien qu’elle-même soit un peu inquiète que Timothée soit malade et qu’elle ait dû veiller jusqu’à ce que je rentre. Ah oui, je ne sais pas si je vous l’ai dit, Timothée est malade. Mais ce n’est pas grave, juste une otite. Quand même, il est malade.

 

14 février

Donc Timothée, hier soir, était malade. Je voulais appeler les médecins, les pompiers, le SAMU, alerter le Cross Etel… Elle m’en a dissuadé : « pour une otite, du doliprane et ça ira », disait-elle. Bon, ce matin, plus rien. « J’ai quand même mal un tout petit peu », m’a dit Timothée. « Où as-tu mal ? » ais-je demandé inquiet. « Là, m’a-t-il dit, juste au-dessus du genou ». On allait donc mieux tous les deux sauf qu’il m’a battu trois fois à plate-couture au jeu  du petit cochon à qui tu poses quatre pattes, deux oreilles, deux yeux à chaque fois que tu tires un as aux dés et la queue quand tu en tires deux. Ce soir au couché, il était un peu excité. Je lui ai lu trois de mes contes et, pour une fois, ça n’a pas suffi à le calmer. « Je ne veux pas dormir », m’a-t-il dit. Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a dit que c’était parce qu’il avait peur. Je lui ai demandé de quoi. Il a réfléchi. « C’est le volet », m’a-t-il dit. « Qu’est-ce qu’il a ce volet ? » lui ai-je demandé. « Le soir ça va, me répond-il. Mais dans la nuit, il se transforme en éléphant avec des taches blanches. » Je me demande où il va chercher tout ça. En tout cas, pas chez moi !

 

15 février

Ce « nouveau monde », c’est comme avant, la loi du plus fort doublée de la loi du plus trash. 

 

16 février

L’Histoire, ça prend du temps. Il y a plus de cinquante ans que les trains ne fonctionnent plus à la vapeur. Pourtant, les trains en Lego multicolores de mon petit-fils Timothée avancent en faisant « Tchou ! Tchou ! ». Il y a à peine deux ans que Macron prétend nous avoir fait entrer dans le « nouveau monde ». Et vous pensez que plus personne ne sait ce que veut dire « la gauche » ?

 

17 février

« Ah ! Que la vie est quotidienne ! », s’exclamait le poète Jules Laforgue. Je m’en rends bien compte, moi qui, chaque jour, remets au lendemain ce que j’aurais déjà dû faire la veille.

 

18 février

J’ai conseillé à des amis de passages de visiter les alignements mégalithiques de Carnac. Ce qui m’impressionne c’est évidemment le mystère, le pourquoi et le comment de ces centaines de pierres dressées et alignées, sans l’aide des technologies d’aujourd’hui. Je ne connais pas grand-chose de cette histoire. Ont-ils construit des temples ? Des passages ?, Vers quels dieux ou quel ailleurs ? Mais ce qui m’intéresse surtout, c’est que les humains de ces temps reculés ont fait ce que l’humanité peut faire, et aucune autre « espèce » : se rassembler sur des projets communs. Quelqu’un me dira qu’une fourmilière aussi est un projet commun aux fourmis. À la différence près que la fourmilière d’aujourd’hui est exactement la même que la fourmilière du temps des dresseurs de pierres de Carnac. Tandis que nous, humains, nous nous sommes rassemblés sur bien d’autres projets depuis. Et j’espère, même si j’en doute parfois, que nous saurons le faire encore dans l’avenir.

 

19 février

Ce matin, malgré ses quatre ans, Timothée est concentré depuis plus d’une heure sur son cahier de coloriages, de jeux d’observation, de calculs… Dans le séjour, j’ai mis en CD une musique de fond, les sonates de Bach par Glenn Gould. Un moment, Timothée lève un œil de son cahier. « Dis papy, tu pourrais pas nous mettre de la vraie musique ? » Pour Timothée, « la vraie musique », c’est Pierre Perret, Oldelaf ou Boby Lapointe ! 

 

20 février

Je me demande pourquoi je me rends compte seulement maintenant que les deux inventions les plus utiles pour l’humanité sont sans conteste les automobiles à caméra de recul et les ostéopathes.

 

21 février

Paris ce soir. Nous avons déposé Timothée dans les bras de sa maman. Et tout à sa joie, il nous a demandé quand même « demain vous venez me voir ? » Evidemment que nous irons. Ensuite il y a eu ces bruits de la ville auxquels je ne peux plus m’habituer, et ce métro aux regards usés, aux regards qui ne regardent rien, aux regards fixés sur les téléphones portables qui ignorent le monde, le méprisent sans doute. Et je me suis surpris à ne pas succomber à l’immense colère qui me prend là, d’habitude, qui me pousse à penser, qui me pousse à réclamer... pour ne plus ressentir qu’un bien profond chagrin. Je vieillis. Ça ne me fait pas peur, vieillir ça ne dure jamais bien longtemps. Mais j’ai peur que le monde ne vieillisse avec moi.

 

22 février

Retrouvée en rangeant des affaires que je n’avais pas encore emportées en Bretagne, une boîte où sont entassés des écrits, des photos, des petits objets qui m’ont un temps accompagnés. Parmi ces souvenirs, un petit tableau que m’avait offert André Verdet, le poète et peintre de Saint-Paul de Vence. Plusieurs fois il m’avait invité à venir prendre le petit-déjeuner avec lui sur la place de Saint-Paul, devant les jeux de boules où Yves Montand et bien d’autres célébrités avaient leurs habitudes. Je ne sais pourquoi il aimait nos conversations. Sans doute parce que je l’écoutais surtout, et son ego (assez développé) y trouvait son compte. Il était là-bas un véritable personnage, connu de tous. Un matin que nous discutions à la terrasse du café de la place, débarquent d’un car des touristes américains. Leur guide les fait s’approcher de nous et leur dit avec emphase : « Je vous présente le célèbre peintre et poète André Verdet ! ».Je suis certain que la plupart n’avait jamais entendu parler d’André Verdet mais ils l’applaudissent tous. Alors André Verdet se lève, et de façon très théâtrale déclare : « Et moi, je vous présente Olivier, mon ami communiste ! » Puis il s’assoit et me glisse à l’oreille : « Un communiste, ça leur fait du bien à ces américains ! »

 

23 février

Dans la boîte aux souvenirs oubliés, j’ai aussi retrouvé un briquet. Mon briquet du temps où je fumais. C’est un Zippo, ce briquet à essence des G.I. américains. Pratique parce que d’une seule main et d’un seul mouvement, on peut ouvrir son capot et faire tourner la roulette pour allumer la flamme... Malgré des heures d’entraînement, je n’ai jamais réussi à faire ça, vous vous en doutez. Mais ce briquet des GI américains, je l’aimais parce que dessus est gravée la célèbre photo de Che Guevara par Alberto Korda. Celle qui orne vos t-shirt. Je trouvais que le Che sur un briquet des marines américains, c’était une belle vengeance de l’histoire. Pourtant ce n’est pas cette photo du Che que je préfère. De retour de Cuba, une femme m’a offert une grande  photo du Che très différente. La photo n’est pas prise de face mais de trois-quarts. Il y est aussi jeune mais trois rides tourmentées viennent barrer son front. Il ne porte pas sur le monde un regard tranquille et conquérant mais plutôt douloureux et presque triste. En m’offrant cette photo, cette femme m’a dit avec tendresse : « Ce Che, il te convient mieux que celui de Korda ».

 

Ma pensée du 24 février

Annonce : « Le trafic est très perturbé sur la ligne B du RER, un train ayant dû stopper à la station Châtelet. Les caméras de surveillance à  reconnaissance faciale de la rame ont détecté un passager suspect. Tous les traits du visage de l’individu soupçonné indiquaient un état de profonde satisfaction et de bonheur serein. En conséquence la station Châtelet restera fermée. Les services de déminage et la brigade d’intervention anti-terroriste se rendent actuellement sur les lieux. Nous prions les voyageurs de nous excuser pour le retard occasionné. »

 

Ma pensée du 25 février

Toujours à Paris mais dès demain matin je prends le train du retour. Mais en venant à Paris comme j’ai fait ces quelques jours, pour ranger, trier nos affaires parisiennes, j’ai fait en réalité un grand retour dans mes vies d’autrefois. J’ai épluché des vieux carnets où, au côté (et parfois, j’avoue, au milieu) de notes prises lors d’un bureau fédéral du PCF des Alpes-Maritimes, se trouvent des débuts de poèmes, des pensées burlesques, ou des citations. Celle-ci par exemple de Gaston Bachelard : « C'est de l'homme aujourd'hui que l'homme peut recevoir ses plus grandes souffrances. » Elle me rappelle un peu à l’ordre, moi qui ces derniers temps, aime à dire que la nature n’est pas toujours gentille.

 

Ma pensée du 26 février

Juste le temps de débarquer du train et d’ouvrir la maison de Bretagne, et voilà que ma fille Caline et son petit Giovanni sonnent à la porte. Je construis pour Giovanni une grande tour de cubes en mousse, qu’il détruit à peine je la construis. Je construis il détruit, je construis, il détruit, je construis, il détruit etc… Il détruit avec une constance, une férocité systématique, on dirait un Macron qui s’en prend au programme du Conseil National de la Résistance. Et vlan, le code du travail, et vlan les droits des chômeurs, et vlan la retraite et bientôt vlan la Sécu. Mais Giovanni, il détruit en rigolant, fier de lui, fier de casser les hautes tours de mousse. Et il rigole, et son papy rigole aussi. Parce qu'il aura beau faire, ça reste un jour heureux! 

 

27 février

Pour rester un pays de culture, la France devrait inventer un nouveau modèle de politique publique culturelle. Les élections municipales pourraient être un formidable moment pour un débat sur ce thème. Il y a du grain à moudre en ce domaine et des affrontements, fleurets mouchetés, pointent le petit bout de leurs nez juste avant de se cacher dans des trous de souris. Faut-il continuer à mailler le territoire de grands  équipements « élitiste, », ne plus laisser que les associations sur le terrain de la pratique artistique… Sans parler des assauts « populistes ». Il semble que tout le monde ait d’autres électeurs à fouetter, ou à flatter et ce thème ne semble guère faire recette. Pour ce que j’en sais en tout cas. Du coup, le laisser-faire politique revient, comme d’habitude, à laisser faire le privé. Et un jour on se réveillera en compagnie du poète Guy Goffette :

« Tu n’as pas vu monter le rouge

au front des roses ni le soleil emballer

le galop des collines, ni la nuit

te battre à la course en plein midi. »

 

28 février

Fleur bleue et caramel mou, romance sucre d’orge et ritournelle fleur d’oranger, loukoum partie sur canapé mauve et violons tzigane, fraise tagada et baisers velours qu’importe si ma pensée de ce jour vous parait gnangnan, guimauve et mièvrerie…Ma fille Caline, son petit Giovanni, mon fils Clément et leur bonne humeur sont chez nous pour quelques jours. Et ça, ça fait vraiment du bien !

 

29 février

Afin d’enrayer l’épidémie de coronavirus, sont interdits tous les rassemblements de plus de 5000 personnes, selon la police, 250 000 selon la CGT

 

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