Mes pensées quotidiennes de juin 2020

 

1er juin  

Parfois, un regard clair, paisible, un front lisse qu’aucune question ne vient rider, révèle l’insondable gouffre de noirceur que le racisme creuse dans l’esprit humain. Je n’aime pas beaucoup les hommes à genoux. Mais le genou sur le cou d’un homme qui suffoque… Indicible colère !

 

2 juin   

Depuis quelque temps d’un insolent bleu d’azur, le ciel de Bretagne aujourd’hui s’ennuage. De gros flocons ouatés, dispersés comme des enfants dans la cour d’une école tout juste dé-confinée, commencent à lorgner les uns vers les autres avec des envies de cortège. La terre les envisage dans une impatience qui dit sa soif (seul le regroupement provoquera l’ondée). En cette matière comme en toute autre, la distanciation sociale n’a rien d’une bienfaisance.

 

3 juin  

Le vent souffle en bourrasques et des menaces d’orage pèsent (mais toujours pas de pluie). Je me demande comment font des oiseaux si petits, les mésanges par exemple d’apparence si gracile, pour décoller de la pelouse et grimper vers les hautes branches secouées. En tout cas, moi, je n’y arrive pas. (Et de plus, j’ai le vertige). Mais j’aimerais, quand même. Et parfois, les deux pieds bien campés sur le sol, mon esprit s’envole. Vus du ciel, la terre est verte, la mer est bleue, mais mes pieds ne ressemblent à rien.

 

4 juin  

Parfois des questions bien bêtes m’encombrent l’esprit. Par exemple sur l’amour. Je sais à peu près comment j’aimais hier. Bien et mal, avec des hauts et des bas. Je sais que j’aime aujourd’hui. Souvent calmement et parfois avec inquiétude. Mais demain ? Comment aimerai-je, demain ? En fait je crois que j’aimerai, comme un amant amoureux, en l’aimant. Sans doute.

 

5 juin  

Un rosier, ce matin, un rosier de notre jardin a eu l’idée, juste ce matin, alors que j’étais d’humeur, de fleurir. Trois roses, trois roses en même temps, se sont ouvertes sur ce rosier qui, jusque-là, ne nous avait offert aucune rose. Et ces roses, surprise, sont blanche. Existe-t-il blancheur plus blanche que ces trois roses ? Je ne le crois pas. Alors je me suis demandé ce que ce rosier cherchait, ce que ces roses cherchaient avec leur blancheur. Elles étaient là, penchées comme un songe, elles avaient l’air de réfléchir. Mais à autre chose. Autre chose que les roses. Autre chose que les songes.

 

6 juin  

Voilà. Il est 18 h 44 et je m’aperçois que je n’ai pas écrit ma pensée du jour. Ce n’est un drame pour personne, ça je le conçois bien. Mais pour moi… Pas un drame, certes, mais une défaite. Je me suis promis d’écrire une pensée chaque jour, si je ne le fais pas, je considère ça comme un échec, une défaite. Et je ne sais pas pourquoi, je n’aime pas les défaites. Il parait que c’est un défaut assez grave. « Les défaites, c’est ce qui te fait progresser dans la vie, mon fils », m’aurait dit mon père s’il avait pris soin de partager quelques platitudes avec moi. Mais il n’aimait pas les platitudes (et surtout pas les partager avec moi), c’est peut-être un regret. Il n’aimait pas les platitudes et moi, je n’aime pas les défaites qui pourtant, c’est un lieu commun, nous font grandir. Je suis donc resté petit avec mes défaites et mes échecs que je n’aimais pas au lieu de m’en servir pour grandir. Et voilà que je suis vieux et que je me rends compte qu’il est un peu tard pour grandir. Mais les regrets, parait-il, ne servent à rien. Contrairement aux défaites.

 

7 juin  

Ce matin, j’ai souhaité bonne fête à maman. J’ai une énorme chance de pouvoir le faire alors qu’elle a 97 ans. Je lui ai dit que je lui envoyais un collier de nouilles et elle m’a dit que c’était bien parce qu’il n’y en avait plus à Carrefour. Elle n’a pas perdu le sens de l’humour. Mais à chaque fête des mères un souvenir bizarre remonte. Je devais avoir 8 ou 9 ans et j’avais cassé ma tirelire pour faire un cadeau. Je me suis rendu dans un bazar de l’avenue de Clichy où l’on habitait à l’époque et j’ai acheté pour elle un petit vase. Je le trouvais magnifique car il était d’un vert vraiment très vert avec des dorures vraiment très dorées. C’est surtout les dorures que je trouvais très belles. Il faut dire que mes goûts esthétiques étaient assez sommaires à l’époque. Une fille était belle du moment qu’elle avait les cheveux longs, par exemple. J’étais donc très amoureux de beaucoup de filles. Quand j’ai offert le cadeau à maman, après m’avoir remercié, elle n’a pas pu s’empêcher de me signaler que ce vase était vraiment, vraiment très laid. Et ça m’a vexé. Depuis, faire un cadeau me plonge dans une anxiété profonde. C’est pour ça que je ne fais de cadeau que très rarement, que je ne vous en ai pas fait à vous. Il ne faut pas m’en vouloir, c’est la faute de maman.

 

8 juin  

Nouvelle. Le monde d’après. 2025. On connaissait Uber, Deliveroo ou Blablacar. Maintenant, la plateforme à la mode, c’est « Léon ». Vous souhaitez vous débarrasser d’un mari trop jaloux, d’une maîtresse encombrante, de beaux-parents un peu intrusifs, d’un enseignant injuste, d’un associé indélicat, d’un locataire mauvais payeur, d’un adversaire politique ou de collaborateurs en sureffectifs, la plateforme exécute la commande. « Léon » met à disposition de ses clients, pour une somme relativement modique, les services d’un tueur à gage. Entre la commande et l’exécution, il faut compter une dizaine de jours. Les prix sont personnalisés selon les choix de la clientèle. Vous pouvez faire exécuter le contrat par un novice, un dilettante ou un expert. L’exécution peut simuler un accident, une mort naturelle, une agression, le corps peut être éliminé et le crime maquillé en disparition… 

Les coûts varient donc en fonction du contrat, mais se sont dans l’ensemble considérablement démocratisés. Comme pour toute entreprise ultra libérale, l’offre commande la demande. Les relations sociales et familiales tendues, le climat de violence et d’insécurité qui s’est installé dans le pays ont rempli les carnets de commandes de Léon et fait chuter les tarifs. À ces prix, l’élimination directe des salariés coûte moins cher qu’un plan social et le grand patronat utilise largement les services de Léon, ce qui fait encore exploser la demande. Vous cherchez un emploi bien rémunéré, mettez-vous en relation avec la plateforme Léon, devenez un Léon.

 

9 juin  

Parfois, j’ai l’impression que nos mots ont atteint leur date limite de péremption. Je ne sais plus quoi dire pour penser le monde tel qu’il va. Un ami m’a dit : « on refuse de voir comme le monde est simple, comme il s’explique facilement ». Je n’ai pas répondu sur le coup que je pense exactement le contraire de ça (il faut dire que cet ami est assez volubile).Je n’ai pas trouvé les mots immédiats pour dire que si plus personne n’oppose rien à la catastrophe en cours, c’est justement parce qu’on refuse d’affronter la complexité du monde. Il se compose encore des poèmes épiques, les faubourgs débordent de colères, les rêves d’assaut final emballent les cœurs convaincus. Mais je ne vois rien là qui dessine un passage. Nos rivages sont bordés de récifs et le grand large résonne loin, bien trop loin pour nos maigres recettes.

 

10 juin  

Les rares fois où l’on me demande ce qu’est ma vie, je réponds par la seule chose dont je sois sûre : « je suis un militant ». Cela va sans doute un peu agacer ceux qui, m’ayant connu comme « militant du parti communiste », savent à raison qu’au parti communiste je ne milite plus du tout. Pourtant, je continue de me revendiquer comme « militant », même si ma façon d’aujourd’hui n’est pas celle d’hier. Il se trouve que je viens d’acheter un recueil de poème de Jean Sénac et en le feuilletant, je tombe sur un poème qui s’intitule : « Ces militants ». J’en livre quelques extraits que je dédie à toutes ces militantes et tous ces militants progressistes que j’aime et respecte profondément, de quelque façon et sous quelque affiliation qu’ils militent.

 

S’ils sont armés

c’est de roses nocturnes

Ils ne savent battre

que le rappel des cœurs

 

Hommes de l’ombre

rendez la lumière à ce peuple

rendez-lui la santé

et qu’il soit architecte

(…)

Ils ont appris à lire

pour les autres

pour tous

ils ont appris à construire

pour les autres

ils ont appris à se battre

pour les autres

pour tous

Pas entre eux

pour tous

 

Si une lumière marche

les lumières immobiles finiront par la suivre

 

Ils n’affirment pas

ils prouvent

leurs mots

à l’air

prennent

Ciment

pas rumeur

 

C’est au sourire du peuple

qu’on sait qu’ils ont raison

 

Leur pain

ils le font de farine

pas de papier

(…)

À ce qu’ils apportent la joie

la confiance

l’élan

vous les reconnaissez

 

Ô ces dents éclatantes de la Révolution !

 

S’ils sont armés

c’est de roses nocturnes

ils ne savent battre

que le blé

 

11 juin  

Aujourd’hui, à l’heure où nous avons marché vers la cale du Moustoir, la mer était loin. Et les nuages-menaces du coup semblaient très proches. Je pouvais les toucher, tâter ces gros ballots humides et maladroits. Je me demandais comment leur parler, non pour qu’ils me comprennent, mais pour qu’ils m’acceptent comme leur porte-parole. Je rêve d’être le porte-parole de gros nuages lourds. Ça ne doit pas être trop fatiguant. Ils regardent l’agitation du monde sans trop savoir quoi en penser. Et ils préfèrent se taire. Je devrais bien les imiter.

 

12 juin  

Plus un souffle. Le vent s’est arrêté, le temps s’est suspendu. À l’immense chaos ne se sont opposés que des projets obsolètes, hors sol, venus d’ailleurs. Comme si c’était ailleurs que dans les ébranlements profonds que devaient se chercher les passages. Demain n’existe que les deux pieds en marche, dans le présent. L’aube est dans tous les paysages, dans nos rides, dans les plis de nos draps, dans les péripéties. C’est là qu’il faut la chercher et lui donner le désir du jour.

 

13 juin  

Elle a quelque chose de la mer et pas seulement les vagues. Un sourire. Elle a quelque chose de la mer et pas seulement les algues. Un parfum. Elle a quelque chose de la mer et pas seulement les îles. Un soleil. Elle a quelque chose de la mer et pas seulement l’horizon. Une impatience. Elle a quelque chose de la mer et pas seulement les marées. Une certitude. Tandis que je me noie, elle est la seule certitude.

 

14 juin  

Je m’inscris dans le débat. Il y a quelques années, j’ai vu tomber des statues quand je portais mes regards vers l’Est. Ça ne me choquait guère, je me disais juste que si on avait érigé moins de statues, il y en aurait eu moins à déboulonner. Est-ce que je vieillis ? Sans doute car aujourd’hui, je n’aime pas beaucoup cette mode de mettre à bas les statues pour une raison, ou pour une autre. Je n’apprécie pas plus les statues qu’avant, mais je me demande simplement sur quoi les pigeons vont-ils bien pouvoir faire leurs besoins. 

 

15 juin  

Il n’a rien dit, en général, c’est vrai. Mais pour ce qu’il a dit… : « Sans ordre républicain, il n’y a ni sécurité, ni liberté. Cet ordre, ce sont les policiers et les gendarmes sur notre sol  qui l’assurent. » Ah bon ? Je pensais que l’ordre, la sécurité et la liberté, en France, c’était d’abord l’École. « Ouvrez une école, vous fermerez une prison » disait Victor Hugo. Je pensais qu’ici, c’était d’abord les services publics (santé, éducation, culture, transport…) et l’égalité pour quoi ils existent. Et je pensais que c’était la démocratie, le droit, les droits. Un pays dont « l’ordre » n’est assuré que par la police, c’est un État policier ! C’est ainsi que Macron conçoit la France. Et ne rien dire hier des violences policières, c’est comme s’il lançait : « Dernière sommation ! »

 

16 juin  

J’aimerais que mes mots ne viennent pas de ma tête. Qu’ils viennent directement de la terre ou de la mer. Qu’ils arrachent à la terre toutes ses pierres et toutes ses semences et à la mer les algues et l’écume fumante. Alors mes mots n’auraient plus peur de peindre les crépuscules amers, de toiser la violence et les dos courbés. Mes mots prendraient la réalité à la gorge et elle coulerait entre mes mains comme du sable. Au bout de cette lucidité de givre, qui sait quel soulèvement.

 

17 juin  

Les gros nuages lourds, balourds, ont explosé en déluge. L’orage grondait déjà depuis quelque temps. Je me suis senti « raccord », comme on dit aujourd’hui. J’ai aimé l’orage mais je crois surtout que lui m’a apprécié. Je ne lui faisais pas d’ombre, n’avais aucune envie de lui porter tort. J’avais juste envie d’un tas de sable pour m’y allonger, m’y enfouir, m’endormir là et faire la grève de la vie. Vingt-quatre heures et non reconductible.

 

18 juin  

Dans le monde d’après le Covid (ou Sras2), il y aura le Sras3. C’est à peu près certain. On n’avait pas tiré enseignement du Sras 1. On avait continué à désosser l’hôpital. À ce que disent les chercheurs, on avait, sitôt cette épidémie éteinte, démantelé les équipes de recherche sur les coronavirus, repoussant ainsi une meilleure connaissance du virus et des moyens de le combattre. Va-t-on tirer expérience du Covid 19 ? Il y a une première leçon toute bête : ne pas reproduire. Ne pas laisser les mêmes aux commandes, avec leur dogme éculé de la conduite de la cité et des hommes. Si on convient ensemble et démocratiquement de ce qu’il faut dégager, le dégagisme n’est pas une si mauvaise méthode.

 

19 juin  

« Le poète est un communiste ». C’est le titre d’un poème écrit par mon ami Francis Combes. J’avais lu ce poème il y a quelque temps. Mais ce que je ne savais pas et que je viens de découvrir en le lisant à nouveau, c’est que ce poème m’est dédié. Eh oui ! Dans sa parution, sous le titre, Francis Combes a écrit : « à Olivier Mayer ». Et je crois bien que c’est de moi dont il est question. Sauf que si je suis bien communiste, je ne suis pourtant pas poète. Mais je suis flatté qu’un poète me dédie un de ses poèmes.

« Tout poète – même s’il l’ignore

et même s’il le refuse –

tout poète est un communiste »

dit Francis Combes. Je retrouve cette idée dans des paroles du poète Guillevic. Il disait : « Puisque le poète est nécessairement « un révolutionnaire professionnel » de la langue, il sera toujours un contestataire du pouvoir établi, car les conservateurs professionnels de la langue, eux, les hommes du pouvoir, usent d’une langue fixée, dépassée. » À ce propos, je ne veux pas être mauvaise langue, mais je crains bien que si « le poète est un communiste », le communiste ne soit pas toujours un poète.

 

20 juin  

Chaque jour, je suis émerveillé de la grandeur et de la beauté des femmes et des hommes et des possibles que l’humanité ouvre. Et chaque jour, je suis abasourdi et révolté de la petitesse et de la laideur de mes semblables, de leur aptitude à tourner le dos à une histoire humaine. Moi-même qui me déçois souvent avec mes peurs et mes paresses, il arrive que je me surprenne à être simplement comme il faut, comme je devrais toujours. Du coup je ne me permets pas de juger, mais permettez que je ne renonce à rien.

 

21 juin  

Qui a dit que se débarrasser des souvenirs, c’était s’alléger ? Sans doute avait-il raison. Mais en attendant, les souvenirs accumulés, c’est lourd, très lourd, surtout quand il y en a sur trois étages.

 

22 juin  

Comment va le monde ? Je n’ai plus de nouvelles depuis quatre jours. Je rampe, je trie, je trouve, je range dans des cartons, je porte les cartons, je les descends, je les remonte, « mais non, ce n’est pas là, voyons ! », je découvre tout un tas de vieux trucs, je ne sais pas ce que c’est ni à qui, je bouffe des tonnes de poussière... Si ça se trouve, derrière la porte et les fenêtres, le monde n’existe plus et plus personne n’est là pour me prévenir. Et moi, je ferais tout ça pour rien ? Ou bien, si ça se trouve, il fait beau.

 

23 juin  

Balkany, d’après ses dires, souffre d’un infarctus intestinal. On connait l’infarctus du myocarde, l’AVC, mais l’infarctus intestinal, c’est assez rare. Rare mais pas forcément étrange chez lui. Je ne sais pas s’il a un cerveau, un cœur sûr que non, mais de l’estomac, Balkany n’en manque pas ! 

 

24 juin   

Attention ! Si nous n’y prenons pas garde, c’est bientôt l’antiracisme que deviendra un délit et le racisme une simple opinion ! Je sens monter de tous côtés un parfum exécrable et particulièrement dangereux. Les débats entre antiracistes, entre féministes, entre laïcs... sont pervertis de l’extérieur, montés en épingle quand ce n’est pas fabriqués par les médias qui trouveront toujours des porte-paroles (sincères ou non) de l’éclatement du mouvement populaire. Je n’appelle pas ainsi à en finir avec les débats mais à mesurer le moment. Pouvoir et patronat, après les petites phrases sibyllines qui accompagnaient la crise sanitaire, ont maintenant clairement choisi la stratégie du choc. Celles de l’extension sans limite des droits du Capital à exploiter une main d’œuvre stupéfiée. Cette stratégie a besoin de la censure, de la force brutale d’un État de plus en plus policier. Et elle a surtout besoin d’un écartèlement des forces progressistes. Donc oui, débattons mais avec le souci de rassembler et de convaincre, pour non seulement organiser la résistance qui n’est plus, seule, de mise, mais à organiser partout la conquête de droits nouveaux pour changer de système.

 

25 juin  

La première mesure qu’un gouvernement révolutionnaire devrait prendre, c’est d’apprendre aux enfants à mépriser ce qu’aujourd’hui, les riches appellent la richesse. La seconde mesure pourrait alors consister à apprendre aux enfants à être riches. 

 

26 juin  

Parfois les pensées divaguent. Jeune, je voyageais beaucoup par les trains. Souvent les trains de nuit. Mon activité m’a conduit à faire le tour des grandes villes de France. Je ne prenais jamais ou presque la voiture, très rarement l’avion, même pour des Paris-Nice fréquents. Pourtant les Tgv n’existaient pas encore. Mais la longueur du trajet ne me rebutait pas, j’aimais le train... pourvu qu’un livre ou une belle passagère...

 

27 juin  

Dans le jardin de Malakoff que nous quittons pour la Bretagne, pousse ce printemps une rose trémière à faire pâlir de jalousie toutes celles, pourtant réputées, de l’île Hoëdic. C’est le cadeau d’adieu que nous laissons à cette ville que nous aimons et qui continue avec éclat son aventure populaire, accueillante, démocratique et culturelle.

Malakoff à jamais au cœur !

 

28 juin  

17 h 45. J’écris avant d’avoir le résultat des élections municipales. Et puis non. Je vais attendre un peu. Je penserai demain. Et puis, après tout, pensons autre chose. Demain nos meubles partiront vers la Bretagne. Tiens, je vais glisser parmi ces meubles un poème qui les accompagnera. Guillevic si vous voulez bien.

 

« Il doit bien y avoir

L’autre versant de ces collines

D’autres étangs, des prés encore,

De l’étendue

Et peut-être une autre lumière.

                 *

Saurais-tu

Là-bas mieux qu’ici

Devant un arbre, seul, debout,

S’il interroge ?

*

Revenir aussi le soir,

Retrouver le chemin, les lieux, la maison, 

S’asseoir chargé de la journée, 

Regarder, essayer,

Et ne rien retrouver

Que le besoin de retrouver. »

 

29 juin  

Je suis heureux qu’Arradon se soit tourné à gauche avec une abstention de 40%, forte pour cette commune mais moins forte qu’ailleurs. L’abstention… Je crois que c’est le principal résultat de cette élection avec la raclée du parti présidentiel. Il y a un contexte, un moment qui doit alerter. Quand de façon concomitante, on décide d’états d’urgence qui restreignent les libertés du côté du pouvoir et qu’on laisse faire du côté du peuple et en gros de la gauche, quand le pluralisme de l’information est foulé au pied, quand les manifestations de toutes natures sont férocement réprimées, quand des initiatives séditieuses de policiers sont tolérées voir appuyées par le pouvoir et les grands médias, quand... on pourrait encore en ajouter… et quand une majorité de Français font la grève des urnes comme l’a bien dit Mélenchon… Alors il faut bien se le dire, la démocratie est en grand danger. Il n’y a pas de tâche plus urgente, plus essentielle au combat de la gauche, des communistes, des écologistes, des syndicalistes, non de « défendre la démocratie », mais de lui donner un élan et un contenu nouveau, celui de l’autogestion qui devrait être le mot d’ordre concret commun de toutes les luttes et de tous les projets de transformation.

 

30 juin  

Poème. Qu’est-ce que le communisme ? Ce n’est pas quand les communistes ont le pouvoir, c’est quand les citoyens le prennent. Et qu’est-ce que le communisme municipal ? Je crois bien que c’est la même chose.

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