Pensées des jours de mai 2017

1er mai 2017.

1er mai sans manif sur le bateau de croisière Costa. J'ai bien essayé : « Nous voulons partager les richesses ! » Le mot d'ordre a été peu repris. Ici et là, j'ai même croisé des regards franchement hostiles. C'est qu'ils se croient riches, ces dignes représentants des classes moyennes italiennes, françaises et espagnoles, retraités pour beaucoup, avec leurs tenues de soirées pailletées pour le dîner, et leur appétit pour une photo avec le commandant. Et on est toujours le riche de quelqu'un dans cette société écartelée par les riches, les vrais riches, ceux pour qui une croisière Costa, « c'est d'un vulgaire ! »… En attendant je me suis régalé en escaladant le volcan de Santorin pour dominer, d'un côté le cratère et ses fumerolles soufrées, de l'autre l'insondable bleu de la Mer Égée.

 

 2 mai 2017.

Poème.

Il était sale et pelé et toute la tristesse du monde se lisait dans son regard. Le vieux chien avait trouvé le refuge de l'ombre, couché entre une dalle de ciment et le béton du quai. Un abri improbable aussi triste que ses yeux. Il se tenait là, à l'extrémité du canal de Corinthe, côté mer Égée. Je lui dis te rends-tu compte de l'honneur que tu as, toi qui es partie intégrante d'un projet de civilisation millénaire qui relie la mer Égée à la mer Ionienne en évitant les périls de la navigation autour du Péloponnèse. Le sachant tu devrais te conduire plus dignement ! Il m'a regardé de son air las, peut-être simplement, pensai-je alors, parce qu'il ne comprenait que le grec. Puis il s'est levé péniblement, et m'a dit tu sais, l'Histoire, on peut lui faire dire ce qu'on veut. D'ailleurs je ne suis pas historien, je suis poète. Et il m'a tourné le dos, a levé la patte sur son bout de béton, avant de se recoucher.

 

 3 mai 2017.

Une journée en mer. Partir du Pirée vers le Sud, contourner le Péloponnèse et remonter vers le Nord en mer Ionienne, passer en mer Adriatique et croiser au large des côtes d'Albanie pour atterrir demain à Dubrovnik en Croatie… Les pensées voyagent où les bleus dominent : le pâle du ciel et le profond de la mer… Et ceux de l'âme, enfouis dans les fosses obscures, à 6000 mètres au moins sous la surface, pour que personne ne s'y hasarde. Et qui s'y risquerait ?

 

 4 mai 2017.

Dubrovnik Croatie. La guerre, c'est simple comme bonjour. La guide a dit « sous Tito, nous formions la Yougoslavie, nous étions les slaves du Sud. Mais nous avions bien des raisons de nous haïr : Même langue mais écrite en cyrillique pour les Serbes et pour nous en alphabet latin, la religion pour nous catholique et pour eux orthodoxe, et leur désir d'une grande Serbie… Il y a eu malheureusement la guerre entre 1991 et 1994, ils nous ont agressés mais nous n'avons pas cédé. Ça a créé d'immenses malheurs. Maintenant, nous nous entendons plutôt bien. Enfin, presque bien. »

 

 5 mai 2017.

De retour à Venise, terme de la croisière. Sur le pont du Rialto, je me trouve nez à nez avec Marco Polo. Heureux de me voir, il me dit quelle surprise, figure toi que pas plus tard qu'hier soir, je suis tombé sur Christophe Colomb. Je lui réponds ah bon ? Et comment va ce vieux Christophe ? Il m'a dit il est très déprimé : il raconte que s'il avait su, pour Donald Trump, jamais il n'aurait découvert l'Amérique.

 

6 mai 2017.

Bon voilà. Nous sommes à la veille du vote. Je ne me nappe pas dans le rideau de l’isoloir pour cacher ma conviction. Je ne suis pas dieu le père à faire mystère de mon vote pour un soi-disant ménagement de ceux qui m’écoutent de temps en temps. Je vais voter avec résolution contre Le Pen en utilisant le seul bulletin qui me reste, celui de Macron. Dire cela n’est pas adresser une consigne de vote : c’est un message de combat et je remercie les dirigeants du Parti communiste qui ont fait preuve de respect envers les électeurs et les militants en lançant sans hésiter cet appel. 

 

 7 mai 2017.

Drôle de soirée électorale. Le pire du pire évité, je me surprends d’être soulagé d’un Front national à « seulement » 35%. Misère ! On a un nouveau « président ». Un « président » monarque seul avec Madame sur les tréteaux, le Louvre (Palais Royal ?) et sa Pyramide (tombeau de la République ?) en fond de scène. Et le discours, avec de grandes phrases qui ne veulent rien dire, comme : « Nous ne céderons rien à la peur, à la division, au mensonge, ni à l'ironie, à l'entre soi, à l'amour du déclin et de la défaite », ou  « je rassemblerai et je réconcilierai car je veux l’unité de notre peuple et de notre pays. Et enfin, je vous servirai avec humilité. Je vous servirai au nom de notre devise, liberté, égalité, fraternité »... Est-ce là que la foule a crié « Brigitte, Brigitte » ? Drôle de soirée qui ne fait pas rire du tout.

 

 8 mai 2017.

Lendemain d’élection. Pour calmer un peu nos ardeurs, nos polémiques et nos agacements, j’ai décidé qu’aujourd’hui, un peu de poésie me changerait les idées. Evidemment c’est « Fureur et Mystère » de René Char qui me tombe sous la main. Au hasard des poèmes, je rencontre « Un homme sans défauts est comme une montagne sans crevasse. Il ne m’intéresse pas. » Voulez-vous une liste des hommes qui m’intéressent ?

 

 9 mai 2017.

Coup de colère. Peut-on faire fi des dangers qui menacent ? Peut-on faire fi de ce que prépare le nouveau président ? Peut-on faire fi des espoirs de 7 millions de « gens » quand on leur a parlé, et qu’ils ont répondu ? Peut-on faire fi de la logique élémentaire qui veut que pour gagner, il faut rassembler ? Apparemment oui, pour certains, on peut penser faire fi de tout ! Dans mon dictionnaire des synonymes, « faire fi de… » se traduit par « dédaigner, mépriser, négliger, repousser, rejeter etc... » Quant à « fi ! », c’est aussi une interjection qu’on peut traduire par « pouah ! » 

 

 10 mai 2017.

Aujourd’hui, un peu dégoûté, je n’ai pas fait grand-chose. Tondre la pelouse du jardin (plutôt prairie que pelouse pour être exact), un peu de lecture, un peu d’écriture. Presque rien en vérité. Mais je n’ai rien fait avec une telle application que j’ai cru moi-même avoir fait quelque chose.

 

 11 mai 2017.

Décidément, je ne savais toujours pas quoi faire aujourd’hui. J’ai mis un accent circonflexe sur le « a » de mon crâne pour le protéger du soleil. Mon cerveau ainsi fonctionnerait-il avec plus d’entrain ? Je n’ai pu le vérifier : presque toute la journée, il a plu. Il va me falloir patienter un peu, peut-être en compagnie de Guillevic : 

« Il n’y aura pas 

De soleil cette nuit

Mais il y a son souvenir »

 

12 mai 2017. 

Ce matin réveil difficile : Alexis Corbière, porte-parole de J.L. Mélenchon au micro de Radio Classique. « En Marche !, le Front National et nous, la France Insoumise, c’est un monde politique nouveau qui émerge ». Où voit-il un « monde politique nouveau » ? Chez Le Pen ? C’est sans commentaire ! Chez Macron qui recycle quelques vieilles badernes et libère surtout l’accès du Parlement aux parvenus de tous poils ? Chez Mélenchon qui fait le choix d’une recomposition en faveur de son mouvement et de son leadership, au détriment d’un succès de l’alternative de gauche ? Je ne confonds pas les projets des uns et des autres, j’ai voté pour l’un au premier tour, pour l’autre au second afin de me débarrasser de Le Pen. Et je ne regrette pas ces votes. Les partis ont leurs défauts mais au moins, ils régulent un peu les égos et carriérismes personnels. Sinon, c’est l’aventure. Et je crains que leur « dégage ! » s’adresse surtout à la démocratie.

 

 13 mai 2017.

Enfin du neuf ! On connaissait le populisme de droite : Le peuple des « compatriotes » se fédère en s’opposant aux immigrés, aux étrangers et aux élites. On voyait bien s’esquisser un populisme de gauche : Le peuple des « gens » se construit contre l’establishment, « les belles personnes », et « qu’ils dégagent tous » ! Il semble que quelques frémissements d’un populisme du centre viennent agiter le paysage : Le peuple trouverait sens dans une opposition et à la droite, et à la gauche. Avec pour chacun de ces populismes un leader charismatique, désigné par ses initiales : MLP, JLM et EM. Miracle ! Ce chamboule tout, ce renversement de la table, ce bouleversement du système, nous conduit à une énorme innovation politique : un paysage constitué d’une droite, d’une gauche et d’un centre ! Oups !

 

 14 mai 2017.

Il faisait aujourd’hui un temps de printemps rose, avec un ciel d’orange et des nuages que nous avons foulés aux pieds sur la pelouse. Tout semblait bouleversé. Mais sur le petit écran s’agitaient les marionnettes des comédies séculaires du pouvoir tandis que le jeune président gravissait les marches du palais. J’entendais, derrière les chants des mésanges bleues, les soupirs satisfaits et soulagés du gotha actionnarial et des décideurs médiatiques. Le nouveau annonçait, sous les vivats du vieux monde, le triomphe des habitudes.

 

15 mai 2017.

Tout est dit, je ne vois pas ce que je pourrais ajouter. Ce nouveau président ne m’inspire en rien. En plus, j’ai mal aux dents. 

 

 16 mai 2017.

Finalement, Édouard et Emmanuel m’ont appelé. J’ai décroché et je leur ai dit : « Enfin ! » Ils m’ont dit excuse-nous on a hésité entre l’agriculture (ça tombe bien j’ai deux pieds de tomates à  planter) et la Défense nationale (ça tombe encore bien mon voisin  a acheté un coq qui me réveille  tous les matins à 6 heures et entre lui et moi, les choses s’enveniment). « Alors finalement, vous m’avez attribué quel portefeuille ? » La culture m’ont-ils répondu (ce qui tombe mal car je viens seulement de terminer les mots fléchés de mon journal du 12 janvier). Je leur ai dit merci,  et leur ai demandé quand se réunissait habituellement le conseil des ministres. Alors j’ai répondu « désolé, le mercredi j’ai piscine ».

 

 17 mai 2017.

Tout n’est pas logique là-dedans. Pour le ministère de la santé, on confie le poste à un médecin. Pour la ministre des sports, ce sera une sportive. Pour l’enseignement supérieur, une universitaire. Et pour la Culture, une éditrice. Donc, des gens qui savent de quoi ils parlent pour être plongés dans les sujets… Ça se discute, ça fait un peu genre « la technique qui remplace la politique », mais il y a une logique. Alors si on suit cette logique pourquoi avoir choisi une représentante du Capital (grand) pour le ministère du Travail ? Quelque chose m’échappe, quelque chose m’échappe…

 

18 mai 2017.

Assez de me disperser avec la politique, je veux m’en tenir désormais à la chose essentielle : l’amour. Donc cette nuit, je me suis couché tard (quelque chose à écrire), elle dormait. Habité de ma bonne résolution, je la réveille, je lui dis je t’aime et n’obtiens en échange qu’un grognement de mauvaise humeur. C’est pourquoi ce matin je suis déçu : l’amour, c’est très, très difficile. Partager, on peut. Ce qui est difficile, c’est de le partager au même moment. C’est dit : je me remets à la politique. (Mais non, je plaisante).

 

 19 mai 2017.

J’avoue, que j’ai de plus en plus de mal à vivre avec mes tremblements. Les médecins disent que ce sont « des tremblements essentiels ». Ça ne se soigne pas, ça ne veut rien dire d’autre que « ça tremble », et c’est pour ça qu’on dit qu’ils sont « essentiels ». Moi, je me dis que mon essence est de trembler. Qui êtes-vous ? Moi, je suis médecin… moi, je suis professeur… moi, je suis expert en la matière… moi, je suis un amant merveilleux… moi, je suis un bricoleur de génie… Eh bien moi, je tremble ! C’est original mais pas terriblement séduisant. Je vis  (mal) avec mes chemises tachées par le café ou le vin renversé, j’hésite à commander au restaurant des spaghettis bolognaise alors que j’adore ça… Et on m’a dit que ça n’allait pas s’arranger !

 

 20 mai 2017.

Dans le sillage du bateau, le marin voit des rides et des regrets, et toute la tristesse que son départ a posée sur le front de ses proches. Alors le marin regarde devant, vers la proue, avec l’air de n’en avoir que faire. Il avance vers l’horizon qui s’échappe, mais il sait qu’à chaque vague franchie, le repentir le rattrape. 

 

21 mai 2017.

Brise et soleil au rendez-vous sur le Golfe du Morbihan. ArTiYote notre joli bateau (que j’appelle Arti tant il m’est devenu familier) aime ces conditions. Il se nourrit de vent et d’embruns et dès que ça souffle un peu fort, il nous fait savoir son bonheur en se cabrant, en gîtant, en hennissant comme cavale en fête. Et le soir, elle et moi, nous nous endormons l’un près de l’autre, repus de toutes les rafales avalées, les muscles noués d'efforts. Fiers de l’avoir dompté ensemble, envieux de lui ressembler.

 

22 mai 2017.

Parfois, le silence est un refuge. Quand rien de beau ne peut surgir d’un combat truqué, d’un débat faussé par le mensonge, quand toute générosité abdique du discours du puissant, quand le vainqueur se refuse à transformer son succès personnel en victoire collective, alors chaque mot, fut-il le plus juste, le plus altruiste, le plus positif, en rajoute aux confusions, aux malaises et au mal-être. Mieux vaut, en silence, attendre l’accalmie et compter sur le recul, l’intelligence et la sagacité. Le temps viendra alors des leçons opportunes.

 

 23 mai 2017.

Belle journée magique à bord de la gabare André-Yvette, un vieux gréement de travail de 1936 avec un équipage prestigieux pour un tour dans le Golfe du Morbihan, escorté par la flottille de centaines de voiliers traditionnels… Sous le soleil insolent, on se sent petit et grand, on écarquille les yeux pour que rien n’échappe. On est jeune comme le mousse au partir d’une grande traversée… Presque on se prendrait pour un marin heureux.

 

 24 mai 2017.

Manchester. J’ai posé ma tête sur sa poitrine, pour la douceur. Je lui ai dit Regarde ce que nous faisons à nos enfants. Nous avons accepté de monnayer l’égalité contre un peu d’avoir futile, et nous avons vendu nos principes à la banque. Nous avons échangé la fraternité contre la lâcheté du chacun chez soi. Notre liberté, ils ne l’ont pas volée : nous leur en avons fait offrande, quasi gratis. Ils se sont alors su les maîtres du monde, et pour assurer leur maîtrise, ils ont créé les monstres qui aujourd’hui, massacrent nos enfants.  Par nos lâchetés et notre suffisance, nous avons armé le bras de ceux qui, parodiant l’apocalypse, réclament leur pinte de sang. Mais nous continuons de danser sur les gravats sordides, chacun sa danse vaine, belle et désespérée. Enfants, vous qui seuls êtes raisonnables, apprenez-nous la ronde et prenez-nous la main. 

 

 25 mai 2017.

Les gazettes n’y prêtent même plus attention, mais selon le souhait du président, l’état d’urgence serait prolongé jusqu’au 1er novembre 2017. A l’issue de cette prolongation, si elle est confirmée, la France aura donc vécu deux ans en état d’exception. Peut-être alors, comme Emmanuel Macron semble l’envisager, faudra-t-il « une nouvelle loi anti-terroriste » qui fera de cet état d’exception la norme constitutionnelle. Pour riposte à la sauvagerie unilatérale des terroristes, nous ferons de notre société un monde plus sauvage. De quel côté est la victoire ?

 

 26 mai 2017.

On m’a dit que nous sommes « un vieux parti », et même « un astre mort ». C’est peut-être vrai… Alors nous serions vieux et mort. Mais dis-moi, au lieu de cracher sur les anciens et les morts, ne devrais-tu pas examiner ton héritage? La Sécu, le statut des fonctionnaires, les théâtres en banlieue et les ciné-clubs, les colonies de vacances et la maternité des Bleuets avec la première méthode d’accouchement sans douleurs, les piscines municipales et le quotient familial pour les cantines scolaires, et les musées d’art contemporains des banlieues rouges, et le statut d’EDF et les dispensaires, et les pratiques de démocratie participative, et le logement social, et le tourisme social, et le secours populaire qui à l’origine s’appelait « secours rouge ». Et je pourrais citer encore, ici ou là, la gratuité des transports… Dis-moi un peu : quel parti a laissé à la France de telles innovations en héritage ? Et nous, camarades du PCF, fiers que nous sommes de cet héritage communiste, n’est-il pas temps d’imaginer l’héritage en devenir que nous devons inventer avec les générations suivantes ?

 

 27 mai 2017.

Pour comprendre l’humanité, tu te rends à la semaine du Golfe du Morbihan. Tu verras des milliers de fous, des vrais cinglés, passionnés de vieux gréements, amoureux de leurs bateaux en bois, de leurs voiles de cotons, qu’ils bichonnent toute l’année pour, la semaine du Golfe venue, les jeter dans une mêlée furieuse : 1400 bateaux se disputant le courant de la Jument, le plus fort d’Europe. Juste pour voir et se montrer, juste parce qu’on a le plus beau et le meilleur, juste parce qu’on aime délirer. Juste parce qu’on est humains. C’est beau comme la vie.

 

28 mai 2017.

Bonne fête ! OK c’est ta fête mais je ne vais pas, à mon âge, te faire cadeau d’un collier de nouilles ! (J’avais six ans et je t’ai acheté au bazar de l’avenue de Clichy un vase vert et doré, le premier achat de cadeau de ma vie. Tu m’as dit qu’il était horrible et de mauvais goût, ce qui pour moi était impossible vu tout le doré qu’on y avait mis… Depuis, pour les cadeaux, j’ai un peu de difficultés !) Et si, pour te remercier de tout, je t’offrais un de mes beaux souvenirs ? La petite fille qui fait battre mon cœur d’enfant parce qu’elle a les cheveux longs, preuve irréfutable de sa beauté… Cette colline au-dessus de Nice qui fait dorer sa hanche au soleil… La vieille dame noire et digne, habillée et fardée comme une héroïne de Chester Himes, dans le métro désert d’une nuit new-yorkaise… Le soleil qui se couche sur la mer devant mon refus de céder au sommeil…Le lent balancement des chevelures d’algues un soir de calme plat sur une côte sauvage… Le mot choisi au hasard d’une lecture qui, comme des ronds dans l’eau, écrit mon poème… Le baiser d’une femme intouchable dérobé à la porte d’un restaurant chinois ... Tu vois j’hésite encore… Le syndrome du vase vert et doré sans doute !

 

29 mai 2017.

La moitié des Français vit avec moins de 1500 euros par mois. La France compte près de 9 millions de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté. 150 000 personnes sont SDF, 900 000 personnes n’habitent pas dans un logement personnel, 2 millions de personnes habitent un logement ne disposant pas d’éléments de confort… Merci de tous tes mots d’espoir, merci de ton chatoyant discours dénonçant la pauvreté. Quand tu nous dis que tu ne sacrifieras pas ton lumineux programme pour des carabistouilles, c’est beau, c’est magnifique ! Hélas, ce n’est pas ton programme qui va nous nourrir mais des emplois, de bons salaires et de belles pensions. Ce n’est pas ton programme qui va nous loger mais la construction, la réquisition, l’accessibilité de logements. Ton programme n’est beau que s’il est, tout ou partie, appliqué. Tu veux tout chambouler, encore bravo ! Mais si c’est pour dégager d’abord ceux qui ont été élus pour construire des logements sociaux, pour défendre les salariés, pour s’opposer aux injustices et aux inégalités, alors remballe ton beau programme. Nous avons besoin de nous défendre et de lutter, nous avons besoin d’union pour gagner.

 

30 mai 2017.

Dans mon souvenir, c’est l’homme de théâtre et romancier Olivier Py qui raconte cette histoire que je dis à ma façon. Un jour les hommes entendent un bruit effrayant, et c’est comme si l’univers tout entier se mettait à vibrer. Ils lèvent les yeux au ciel et voient, abasourdis, toutes les étoiles et les planètes se regrouper dans un coin de la voûte céleste. Et ces étoiles s’organisent et dessinent des lettres et finalement forment la phrase : « QUI ÊTES-VOUS ? » Puis l’univers se remet à vibrer et les étoiles regagnent leur place d’origine. Alors les hommes organisent de grandes fêtes. Et dans le plus grand de leurs déserts, avec les plus hautes et puissantes torches dont ils disposent, ils écrivent en lettres de feu : « NOUS SOMMES LES ENFANTS DE LA TERRE ET DU CIEL». Puis ils attendent, le nez au ciel. Au bout de quelques temps, l’univers se remet à vibrer et les étoiles se regroupent à nouveau, forment des lettres, et les hommes voient s’écrire : « C’EST PAS À VOUS QU’ON CAUSE ! » Je me demande pourquoi je raconte cette histoire.

 

31 mai 2017.

Pour ma pensée de ce dernier jour de mai j’ai le choix : ou je termine en apothéose, ou je termine en points de suspension. Vous seriez déçu que je termine en apothéose tant vous aimeriez vous abreuver encore de mes pensées quotidiennes tout le mois de juin. (Et le peuple, un peu perdu ces temps-ci, a besoin de pensées fortes et signifiantes pour l’aider à trouver sa voie, bref il a besoin de moi !) C’est pourquoi je choisis finalement les points de suspension. Et vous, suspendus à ces points de suspension, vous voilà vous balançant comme enfants dans les squares, découpant l’air de vos rires joyeux, et rêvant d’un vol d’azur dans un ciel rouge de contentement. Il suffit alors de vous lâcher. Ah, j’ai failli oublier : « … »

 

 

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