Mes pensées des jours de novembre

  1er novembre

L’amour est une bonne habitude. Elle sait bien comment les fruits viennent à tomber. Tout gorgés de soleil et de sucre. Je lui demande comment l'amour vient à tomber. Secoués par le vent mauvais de l'hiver ? Usé par les habitudes malveillantes ? Gâté du chagrin des pertes familières ? Ou épuisé de caresses, de baisers ? Elle dit l’amour prend racine dans l’amour, se nourrit de tendresse et meurt, comme tout, par hasard ou accident. Ou il s’éteint doucement, entouré d’amour.

 

  2 novembre.

Veille de veillée d’armes. Laissons nos pensées vagabonder, demain sera un autre jour. Et le lendemain encore un autre où nos pensées prendront un autre tour. Occupons-nous, pour aujourd’hui des choses d’aujourd’hui. Premier vrai jour dans Paris depuis longtemps. Le métro, les rues vibrantes, le supermarché du coin... Ce qui est bien dans Paris, c’est qu’on y croise beaucoup de jolies femmes. Pour dire la vérité, c’est plutôt qu’il y a beaucoup de monde. Rien n’est jamais parfait... 

 

  3 novembre.

Veillée d’armes. Il est encore temps de penser à d’autres choses. Je suis là, elle est loin, je suis las. Et elle, quand se lassera-t-elle de ne pas être là où je suis ? Elle qui n’est jamais là où on l’attend, de toutes les façons. Et moi qui ne me lasserai jamais de ne pas la trouver là puisque je l’attends ailleurs et que, par-dessus tout,  j’aime qu’elle me surprenne. 

 

  4 novembre.

Le sens de la marche. Quand je me perds dans la complexité du monde, du moment de ce monde, il faut que je m’arrête sur ce qui m’entoure. L’érable du jardin qui pleure et tapisse la pelouse de ses larmes de sang. L’immeuble HLM qui surplombe la rue et ses dizaines d’antennes satellites en quête d’une identité jamais retrouvée. Les regards méfiants de la voisine d’en face quand elle sort ses poubelles... Ce qui fait racine, ce qui fait l’éternité de chacun de nous, ce qui relie dans une histoire partagée. Alors les choses s’emboîtent et retrouvent leurs rythmes naturels. Et ce qui était insoluble devient simple et abordable comme un combat toujours engagé, jamais totalement gagné.

 

 5 novembre.

Sans titre. Et si on parlait d’autre chose ?

 

  6 novembre.

Moi, je sais. Lequel, de ces deux cailloux, perçoit-il le mieux les mouvements du monde ? Celui qui, à la cime érodée d’une montée alpestre, regarde dans le soleil le défilé des heures ? Ou celui qui, au fond glacé de l’embouchure du fleuve, sent le courant s’enfuir au jusant vers le large pour revenir au flot chargé d’une odeur d’algue ? 

 

  7 novembre.

Impatience nautique. Demain retour en Bretagne. Le feu de bois dans la cheminée me tarde. Mais moins que le convoyage du voilier jusqu’à son chantier naval d’hivernage.

 

  8 novembre.

Je crois que je vais refuser. Je dois régler mon compte (le plus vite possible) au souvenir d’une nuit de novembre, au croisement brutal de deux mondes qui ne peuvent que s’affronter. On me somme de choisir entre les hordes déchainées d’un futur sans espace et un passé figé dans une ombre rampante. Et je n’aurai plus qu’un devoir : décide qui tu cognes et, si possible, achève. 

 

  9 novembre.

Ça n’a rien à voir. La météo annonçait la tempête, j’ai renoncé à convoyer mon voilier vers son chantier d’hivernage. Je le ferai la semaine prochaine, ce n’est pas très important. Qu’est-ce qui est important d’ailleurs ? J’ai éteint la radio, débranché la télé, je ne suis pas allé chercher les journaux dans la boite à lettres, ni le reste du courrier. Depuis ce soir, je fais le serment d’éviter le Facebook, sauf les nouvelles concernant les anniversaires des amis, les naissances de leurs enfants et petits-enfants, les couillonnades diverses mais seulement les couillonnades réjouissantes. Et je ne donnerai de nouvelles que celles qui sont essentielles. Par exemple. Ce matin, nous avons constaté qu’un chien était entré dans le jardin et y avait laissé une trace probante et odorante de son passage. Il a aussi (ça ne peut être que lui), saccagé un des plans de sauge fleuri que nous avions plantés le mois dernier (le vieux rose, celui que je préférais). Le mystère est que le jardin étant clos, je soupçonne que l’intrusion du  chien dans le jardin soit le résultat d'un acte de malveillance humaine. Et si je dis ça, ne comprenez pas que ce soit parce que aujourd’hui, j’ai le plus grand mal à dire et penser du bien des humains.

 

  10 novembre.

Demain retour sur Paris. Mais là, pour une chose importante. On prend le petit-fils et on le ramène avec nous en Bretagne. Une semaine pour nous tous seuls ! Elle me dit on est prêt. C’est vrai qu’entre le lait, les légumes et petits pots au cas où, les couches les biberons, le lit, la table à langer, le tapis de jeu… on a de quoi le garder un an. Je lui dis crois-tu qu’avec les 377 peluches, livres et jouets divers que je lui ai acheté il aura assez ? Elle me dit on va en garder pour Noël. Je lui dis et les comptines, les comptines, je ne suis pas prêt. Elle me dit tu lui en as écrit dix. Je lui dis c’est un peu juste. Allez, une dernière pour le train.

« Timothée a quatre dents / Quatre dents, de devant / Timothée à quatre dents / C’est normal il a un an.

Son papa a toutes ses dents / Toutes ses dents de devant / Son papa a toutes ses dents / C’est normal il est très grand.

Son papy a encore des dents / Surtout celles de devant / Son papy a encore des dents / Mais pas pour longtemps. »

(Je crois que là, je suis prêt.)

 

  11 novembre.

Anticipation. Il existe ce que j’appelle des « expressions comètes ». Elles traversent l’univers politique en laissant en traîne une queue plus ou moins conséquente. On ne sait pas d’où elles viennent, ce qu’elles signifient exactement ni où elles finiront par se perdre. Tient la corde ces temps-ci « renverser la table ». Si tu ne renverses pas la table tu ne vaux rien. Donald Trump a renversé la table, comme Marine Le Pen, Mélenchon, Sarkozy, Macron… prétendent s’efforcer de le faire. Ceux qui ne « renversent pas la table » font « de la vieille politique ». « Renverser la table » ça vous a un petit air de « faire la révolution », mais sans y toucher. Mais ça peut aussi dire se foutre des institutions, des partis, des syndicats, et peut-être même de la démocratie. Ah mais je vous arrête ! La démocratie ? Mais quelle démocratie ? En général ceux qui prétendent qu’il faut ou qu’ils vont « renverser la table » ne nous parlent guère de démocratie. « Renverser la table », ça se fait plutôt tout seul, en solo. J’anticipe peut être un peu en me demandant si ceux qui prétendent ainsi « renverser la table », ne s’apprêtent pas, une fois le pouvoir acquis, à mettre le couvert ou à repasser les plats.

 

  12 novembre.

Est-ce que je peux aimer sans épouser ?

Est-ce que je peux me positionner sans adorer ?

Est-ce que je peux mettre une priorité dans mes élans sans trahir ?

Est-ce que je peux critiquer sans haïr ?

Est-ce que je peux révolutionner sans réforme, sans compromis ?

Il semble que non. Ce n’est pas à la mode. Tout ça c’est de la « vieille politique ».

 

  13 novembre.

Pas un fromage. J’aurai préféré le contraire mais les adhérents du PCF semblent pressés d’entrer en campagne et veulent le faire en choisissant un candidat. Il ne nous reste donc qu’un choix binaire. Mais un choix pour quoi ? Pour continuer d’agir pour une candidature de large rassemblement. Alors Mélenchon ou un candidat issu des rangs du Parti communiste ? Un candidat communiste, selon moi ce n’est pas praticable pour au moins trois raisons : 1) On dit qu’il y a trop de candidats dans la gauche alternative et pour qu’il y en ait moins, on en rajoute un. Cela me parait un peu compliqué à expliquer. 2) Dès le vote fin novembre, il va falloir expliquer à notre électorat communiste et à l’électorat Front de gauche, globalement acquis au vote Mélenchon, pourquoi on ne choisit pas ce dernier. Donc au lieu de se battre pour montrer que Marine Le Pen n’est pas l’alternative, on va se battre contre Mélenchon. Est-ce raisonnable et tenable. 3) Nous voulons une candidature de rassemblement de la gauche critique et nous sommes un peu seuls à la réclamer. Mais on peut penser qu’on peut entraîner du monde dans ce combat. Si on présente un candidat communiste, la force de cette idée aura publiquement la force que les sondages donneront à ce candidat et ça ne sera sans doute pas lourd. (Entre parenthèse, avec les règles de l’équité, le candidat communiste n’aura accès aux médias que pour le poids qu’il représentera dans les sondages c’est-à-dire sans doute pas plus que maintenant). Donc voilà pourquoi et dans quelles conditions, par élimination, mon choix pour le vote des communistes de la fin novembre se portera sur Mélenchon. Et je n’en fais pas un fromage.

 

  14 novembre.

À hauteur de lune. Ce soir, la lune affiche un ventre si rebondi que pour être à la hauteur, je dois accoucher d’une pensée profonde, une pensée qui touche à l’éternité de l’âme humaine et qui lui parle de l’immédiateté de la quête esthétique du plaisir... Mais… Je dois vous laisser… Désolé… Timothée m’appelle…

 

  15 novembre.

Et alors ? Vive Timothée qui m’a réveillé à 5 heures ce matin. Et il a refusé de m’expliquer pourquoi, le garnement. Timothée occupe désormais les neuf dixièmes de l’espace dans la maison entre son parc, sa chaise haute, son lit, sa baignoire et sa table à langer, ses jouets, ses boîtes à musiques, ses vêtements… Tout petit mais quel encombrement ! Mais j’ai bien d’autres griefs à son égard. Le principal : Quand on fait des courses au supermarché, qui a la vedette dorénavant, déploie des charmes et ses sourires enjôleurs auprès des caissières ? Ben c’est plus moi, c’est lui ! Et avec elle ? Elle est la mamy ! Moi, le papy, je le couche, elle, elle le lève ! Qui croyez-vous qu’il choisit ? Facile, trop facile ! Je me décarcasse avec mes comptines, mes improvisations, mes clowneries, j’invente, je créé, je génère, j’artisane… Elle, elle tend les bras et ça suffit. Il s’y réfugie, s’y recroqueville, s’y réchauffe, s’y abandonne, s’y tirebouchonne, s’y enroule, s’y emberlificote, s’y doucecaline, s’y embobeline, s’y cramponne, s’y ligote… Ben oui, moi aussi je voudrais, moi aussi, parfois, je le fais… Mais là, il n’y a plus que Timothée qui compte ! Oui, oui, oui, je suis jaloux, et alors ?

 

  16 novembre.

En marche ! Sans doute par tradition, par habitude, par atavisme dans le sillon de plusieurs générations de généreux, je crois que je vais voter pour Emmanuel Macron. J’ai toujours soutenu ceux qui souffrent, victimes des plus honteuses persécutions, j’ai toujours voté pour les défenseurs des opprimés. Et en voilà un qui vient se présenter ainsi devant le peuple ébahi et révéler, ce message de courage et de dignité, sur ce que fut l’enfer de sa vie : (je cite) « J’ai pu observer ce qu’il en coûte de refuser ce système ». Oui, tu fus exclu du monde de la finance et de la banque pour être mis sur la touche comme conseiller du candidat François Hollande. L’ingrat te vira en te nommant secrétaire général de l’Elysée puis prolongea ta chute en te faisant ministre de l’Economie. Mais toi, tâche après tâche, malgré les dangers, tu continuas sans peur à combattre les puissants de ce monde et aujourd’hui, te voilà, martyr d’un système implacable, condamné à te présenter à l’élection présidentielle devant les caméras béates et les journalistes adorateurs des jolis destins improbables. Emmanuel, tu auras ma voix, j’épouse ta cause et ton récit, tu auras mon sang (s’il le faut) !

 

  17 novembre.

Plus le temps d’une pensée. Elle est malade, pas gravement, une mauvaise intoxication alimentaire. Elle traîne au lit sans pouvoir mettre un pied au sol. Du coup, tout notre amour tient dans un verre d’eau, une pilule, une assiettée de riz. Et je m’occupe seul de Timothée, de ses sourires, de sa faim à assouvir, de ses jeux, de ses découvertes, de ses caprices, de ses colères. Il exerce sur moi seul toute la cruauté de sa jeune dictature que je reçois comme une récompense (épuisante).

 

  18 novembre.

Il était temps ! Il est 23h10 et tout juste libéré de la douce mais capricieuse garde à vue de mon tyrannique petit-fils Timothée, j’ai enfin un petit créneau pour penser. Vais-je parvenir à livrer, d’ici les douze coups de minuit, quelque chose de cohérent qui puisse figurer dans le recueil des pensées du jour ? Minuit, c’est l’heure où les souliers de vair féériques se transforment en lamentables sabots paysans, où la riche et belle princesse redevient la petite domestique exploitée à deux doigts du burn-out, où le carrosse cahotant dans la rue mal pavée se fait citrouille… Bref c’est l’instant où la magie se livre au rétropédalage, où les contes deviennent chimères cauchemardesques, où les charmes se font maléfices, les fées mutent en sorcières, faudrait-il en plus que la veille étant sans pensée, le lendemain devienne impensable et le jour d’après inconcevable ? Il ne sera pas dit ! Il est 23h38 : La victoire était improbable, c’est pourquoi nous avons réussi !  

 

  19 novembre.

Tempête. La maison vibre sous les rafales de la première tempête de l’année. Les vitres tremblent, la cheminée siffle et la pluie bat contre les volets. Le chantier naval a rangé le bateau depuis ce matin, de ce côté je suis (presque) tranquille. Retour sur Paris demain remettre Timothée entre les bras de ses parents. La SNCF nous prévient par message que le voyage sera perturbé. Retour par la route ? Je le jouerai demain à pile ou face. Je lance Timothée en l’air : s’il pleure c’est le train, s’il rit c’est la voiture. (Mais non, je plaisante.) N’empêche, ça souffle !

  20 novembre.

Je n’obtiendrai sûrement pas beaucoup de « like » sur ma pensée de ce soir. Mais ma pensée, c’est ma pensée et je m’en voudrais trop de ne pas la livrer. Le résultat de l’élection primaire de la droite ne me procure aucune joie particulière. Ni tristesse non plus. Le vainqueur ou l’ordre, je m’en fous un peu, (sauf l’élimination de Nicolas Sarkozy qui procure quand même un petit sentiment de « ça, c’est fait ! » Mais je n’y suis pour rien.) Pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que quand près de 4 millions de personnes (même de droite) se déplacent pour choisir un candidat, c’est que le besoin de démocratie se fait tout de même entendre (même à droite). Et je présente mes excuses à tous ceux que je déçois, mais je continue de regretter que la gauche dans son ensemble se soit dérobée (dans les circonstances très spéciales des enjeux de 2017) à cet exercice.

 

  21 novembre.

Et Timothée ? Nous l’avons remis à ses parents hier après un voyage tourmenté, notre TGV ayant heurté un arbre dans la tourmente bretonne ! Sans autre conséquence qu’un retard de deux heures. Il a fallu se résigner à le rendre. Enfin, on était quand même content de voir leur joie et la sienne. Et heureux que, malgré tout, il accepte encore (pour de courts instants) le refuge de nos bras. Plus tard, elle m’a dit pourquoi tes mains tremblent-elles plus fort. Je lui ai dit elles détournent ton attention. Elle m’a demandé de quoi. Je lui ai dit elles ne veulent pas que tu vois que je pleure.

 

  22 novembre.

Parfois elle est un arbre, tellement droit, tellement indéracinable, elle résiste à toutes les tourmentes. Mais le plus souvent, c’est une feuille, une feuille d’érable rouge ramassée à l’automne et mise à sécher entre les pages d’un livre maladroit. Les feuilles de mon enfance. Elle me dit pourquoi le plus souvent ? Je lui dis parce que presque toujours, je pense que je te connais depuis toujours.

 

  23 novembre.

Ce sera Mélenchon. Ce que je voulais, ce pour quoi j’ai agi, il me faut reconnaître que ça n’a pas marché. Un peu parce qu’on n’a pas assez osé. Surtout parce qu’on n’est pas seul sur terre. Et que pour rassembler, il faut être plusieurs à le vouloir. Pourtant je vais choisir sans désespoir, tranquillement, pour continuer d’avancer et donc d’exister. Je m’interdirai ce qui est obstacle, ce qui serait l’extrême reniement de tout ce que je crois : je n’affirmerai pas qui je suis en dénigrant tous ceux qui ont refusé ma main tendue. On n’existe pas en se caricaturant. Je veux continuer de tendre la main pour créer la grande vague qui emportera nos ennemis, leurs noirs desseins et leurs uniformes vert de gris. 

 

  24 novembre.

Très mauvais rêve  la nuit dernière. Nous sommes au soir du dimanche 7 mai 2017, à 20 heures précise, et je vois s’esquisser le portrait de François Fillon sur l’écran de mon téléviseur. Pire, je pousse, bien que discrètement, un léger soupir de soulagement : au moins ce n’est pas la chevelure blonde de madame Le Pen qui se dessine. Mais c’était serré. Et le pire du pire est le reproche que je me fais d’avoir consacré l’essentiel de mon temps, les mois précédents le scrutin, à expliquer pourquoi c’était mieux de voter pour le candidat communiste que pour Mélenchon. Je veux bien affronter le cauchemar, et même le pire, mais s’il vous plait, épargnez-moi du pire du pire.

  25 novembre.

Flemme. Une pensée de taille moyenne pour ce soir. Il est tard. Il fait froid. Des bras m’attendent. Sous une couette.

 

  26 novembre.

Les orteils de Fidel. J’ai entendu beaucoup de bêtises aujourd’hui. Et ça m’a rendu triste, pas en colère, triste. Tous ces donneurs de leçons, ces commentateurs arrogants, qui se croient faiseurs de l’Histoire. Ils étaient unanimes ou presque à dénigrer le disparu dans leurs récits travestis. Ils se sont fait la courte échelle, les uns les autres, et finalement, sont parvenus à se hisser à la hauteur… des orteils de Fidel.

 

  27 novembre. 

Demain l’aube. Un petit tour ce soir sur le port, avant de rentrer à la maison faire un feu et prendre le temps de penser. Le soleil se cachait quand nous sommes arrivés. Peu de vent, une lumière douce, trois voiliers des Glénans descendent le courant pour une croisière nocturne. Et en place du soleil, derrière la pointe de l’Ile aux Moines, un petit point rouge, tout brillant, comme une larme de sang sur un visage éteint. Promesse de retour entre chien et loup.

 

  28 novembre.

Fin de soirée. Que va-t-elle chercher dans mon corps, quand elle se colle à moi le soir ? Je me couche, elle dort. Pourtant ses mains partent à la découverte, écartent les étoffes il lui faut de la peau. Que vais-je chercher dans son corps le soir, quand mes mains répondent aux siennes ? Ni colline, ni vallée, ni foret, pas plus de champ ondulant sous la brise. Le miroir d’un lac, une barque qui avance sans écrire son sillage, un nuage pour briser l’uniformité bleue.

 

  29 novembre.

Habitant. Il y a des gens, poètes, dessinateurs, plasticiens ou musiciens… Il leur suffit de poser leur regard sur le monde et le monde en est transformé. Je ne rêve pas d’être à ce niveau d’acuité visuelle. Je ne suis pas de ces créateurs. Je rêve juste d’habiter ce monde transformé.

 

  30 novembre.

La quille. Plus qu’un mois, un mois de pensées quotidiennes, et ensuite, promis, je fiche la paix au monde ! (S’en remettra-t-il ?)

 

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