Ce matin je me suis éveillé avec une envie de poème...

Ce matin je me suis éveillé avec une envie de poème

Qui dirait la dentelle de la fleur de l’iris

Fragile et pâle corsage dominant la pelouse

Insolente dans les sautes d’un printemps hésitant

(Mais les gens entassés…)

 

Ce matin je me suis éveillé avec une envie de poème

Qui dirait la menace d’un ciel aux cris d’émeute

Les nuées bondissantes qui retardent le jour

Cohortes enivrées des déchirures d’encre

(Mais les traits émaciés…)

 

Ce matin je me suis éveillé avec une envie de poème

Qui dirait le  sillage d’un voilier de haute mer

Cicatrice d’amertume dans l’émeraude iodée

Frontière sans retour entre hier et promesse

(Mais les ventres gonflés…)

 

Ce matin je me suis éveillé avec une envie de poème

Qui dirait les heures claires des courses enfantines

Rubans maladroits de mémoire arc en ciel

Les caresses d’orties et consolation d’orge

(Mais les mains qui se tordent…)

 

Ce matin je me suis éveillé avec une envie de poème

Qui dirait les lèvres affamées qui osent leurs tendresses

Les cheveux dénoués du désir quand il monte

Le refus abandon au goût de sel sauvage

(Mais les regards suppliants…)

 

Ce matin je me suis éveillé avec une envie de poème

Qui dirait les rencontres d’un hasard enivrant

Approches indomptées des récits héroïques

Verbes au poing levé comme un défi au temps

(Mais les corps des noyés…)

 

Ce matin je me suis éveillé avec une envie de poème

Qui dirait ce qu’il faut de colère et de refus farouche

Pour échafauder un monde les bras ouverts

Aux migrants de Birmanie

(Mais la fleur de l’iris…)

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