Quel message voulons-nous envoyer à la société ?

Le texte « Pour un manifeste du Parti communiste du 21e siècle », sans obtenir une majorité de voix, est arrivé en tête du vote des communistes et est devenu notre « base commune » de discussion pour le congrès de la fin novembre.

 

Je respecte évidemment ce vote.

 

Mais il ne clôt pas le débat, et, à mon sens, n’affronte pas les enjeux réels de notre congrès.

 

Certains camarades, promoteurs de ce texte, affirment aujourd’hui que respecter les communistes, ce serait enrichir et amender le texte à condition d’en conserver les lignes fortes. Je ne le pense pas. Respecter les communistes, c’est aller au bout de leurs débats, pousser leurs réflexions, et faire des choix dans la clarté. C’est toujours vrai : c’est le congrès qui, suite à la délibération des communistes, est souverain. Et ça doit l’être plus encore quand aucun choix politique majoritaire ne s’est à ce jour dégagé.

 

S’il fallait « respecter les lignes fortes » du texte arrivé en tête, quel message parviendrait clairement au pays ?

 

Que l’affaiblissement du PCF ne viendrait que de la volonté d’une poignée de leurs dirigeants d’effacer leur propre parti. Que les rassemblements pour transformer la société ne pourraient se faire qu’autour du Parti communiste ou derrière lui. Que dans ses rapports avec le PCF, il faudrait que le mouvement social admette la primauté du politique. Que le communisme, dont on dit par ailleurs toute l’actualité, n’est plus un mouvement et une visée mais un mode de production, une société aboutie, qui adviendra après des « étapes », (est cité « le socialisme »). Que le Parti doit redevenir « une avant-garde »…

 

Ce texte jette aux oubliettes des évolutions communistes engagées depuis des décennies pour se libérer de visions dogmatiques issues le plus souvent du stalinisme. À l’heure des tsunamis populistes, il n’incite pas à la réflexion sur la démocratie, principal enjeu de la lutte des classes, but et chemin de la transformation sociale. Il ne dit rien ou si peu, d’une stratégie révolutionnaire de conquêtes citoyennes, que nous avons adoptée, réaffirmée de congrès en congrès, sans l’avoir vraiment expérimentée en pratique…

 

Et il oublie la référence, sauf sous forme parfois de « coup de chapeau », aux avancées les plus récentes de nos réflexions : sur les aspirations sociales, sur l’écologie et « l’écommunisme », sur nos critiques du productivisme et du consumérisme, sur la révolution féministe, sur la lutte antiraciste, sur la révolution numérique, sur le travail, sur l’Economie sociale et solidaire, sur l’Europe, sur la ville, sur la culture, sur les migrations et l’accueil des migrants, sur la bioéthique, sur les évolutions d’un monde mondialisé… Alors qu’il est indispensable et même vital de pousser plus loin encore ces réflexions pour proposer une alternative au libéralisme et affronter les défis de ce siècle…

 

Si nous adoptons sans la transformer la démarche politique de ce texte, et si nous confions les clés de la direction à ses promoteurs, nous enverrons à la société le message d’un parti communiste refermé sur lui-même, d’un projet communiste rabougri, d’une ambition étriquée.

 

Il n’est pas trop tard pour que le congrès envoie un tout autre message : celui d’un grand parti démocratique et de courage, qui se rassemble en regardant l’avenir en face plutôt que dans les rétroviseurs. Et qui débat dans la clarté, dans le respect et la fraternité, pour faire les choix politiques utiles aux mouvements de transformations, à la société et à un monde en pleine révolution.

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Commentaires: 17
  • #1

    zoughebi julien (mardi, 06 novembre 2018 18:53)

    je partage ton analyse.

  • #2

    Françoise Py (mardi, 06 novembre 2018)

    Je partage aussi ton analyse. Un peu moins ton optimisme final ...

  • #3

    LARNAUD (mardi, 06 novembre 2018 20:40)

    Moi aussi je suis pour l'essentiel OK avec toi sur l'analyse.Mais comme Françoise pour la suite c'est bien compliqué en tout ce n'est pas faute d'essayer mais pour l'heure je suis bien incapable d'ecrire une fin acceptable

  • #4

    OLIVIER GEBUHRER (mercredi, 07 novembre 2018 00:07)

    Je partage totalement et l'ai exprime à diverses reprises sur différents médias et en particulier :"https://blogs.mediapart.fr/tchapaiev/blog/290618/sur-un-nouveau-texte-alternatif-au-projet-de-base-commune

  • #5

    AUGUSTE françois (mercredi, 07 novembre 2018 09:45)

    d'accord avec toi . cela m'inquiète beaucoup ce repli identitaire et ce retour passéiste illusoires...
    que faire ?

  • #6

    Alain Tournebise (mercredi, 07 novembre 2018 21:24)

    J'ai beaucoup ri en lisant ce texte d'Olivier Mayer. Selon une méthodologie désormais solidement établie, il affirme solennellement "je respecte le vote des communiste" et déroule immédiatement après un chapelet d'arguments pour expliquer pourquoi il ne le respectera pas, s'attirant ainsi les compliments de quelques dignitaires de notre parti. "Je partage," opine Julien Zoughebi. "Bonne question" surenchérit Isabelle de Almeida.
    Bonne question, mais mauvaise réponse. D'abord parce que caricaturale. Contrairement à ce qu'avance Olivier Mayer, évidemment la base commune ne dit pas que " l’affaiblissement du PCF ne viendrait que de la volonté d’une poignée de leurs dirigeants d’effacer leur propre parti." mais de choix politiques erronés et répétés. Cette défiance vis-à-vis de la direction sortante est tout de même partagée par deux tiers des communistes ... Autre caricature, Olivier Mayer s'horrifie d'avance que sous la plume dogmatique de ses auteurs, le communisme "ne soit plus un mouvement et une visée". Etrange, c'est pourtant justement le titre du chapitre 3. Enfin, ultime caricature, la base commune ne dirait rien des aspirations sociales, de l’écologie, du féminisme, de la lutte antiraciste, de la révolution numérique, du travail, de l’Economie sociale et solidaire, de l’Europe, de la ville, de la culture, des migrations, sur la bioéthique, ni des évolutions d’un monde mondialisé… Pas moins!!! Olivier Mayer a-t-il réellement lu le même texte que les 12719 communistes qui l'ont choisi? A moins qu'en cours de lecture, il n'ait été frappé d'un ictus amnésique. C'est courant à cet âge.
    Pour Olivier Mayer, la base commune "n'incite pas à réfléchir". Mais heureusement, des hommes comme lui veille à ce que le petit peuple communiste réfléchisse enfin. Alors réfléchissons, réfléchissons, réfléchissons, " il est indispensable et même vital de pousser plus loin encore ces réflexions pour proposer une alternative au libéralisme" nous dit Olivier Mayer. Alors organisons des colloques, des séminaires , des conventions, des assises des Etats généraux comme en a tant organisé notre parti depuis des années. C'est ainsi que nous vaincrons le libéralisme. Mais les luttes, diront les plus imprudents d'entre vous? Vade retro satanas. Le mot lutte ne sera pas prononcé en ma présence. En tout cas pas dans le texte d'Olivier Mayer. Quelles luttes? Plutôt " une stratégie révolutionnaire de conquêtes citoyennes" ça sonne mieux, même si ça ne signifie rien.
    Et Olivier Mayer d'exhorter les communistes qui n'ont évidemment pas compris l'enjeu: "si nous confions les clés de la direction à ses promoteurs, nous enverrons à la société le message d’un parti communiste refermé sur lui-même". Comme si notre parti pouvait être plus replié sur lui-même qu'il ne l'est actuellement. Avec une direction qui est obligé d'envoyer un questionnaire pour savoir ce que pense le peuple et un autre pour savoir ce que pensent les communistes. Qui multiplie les assises sous une coupole fermée qui ne s'ouvre que pour servir de décor à des défilés de mode ou des films de série B . A trop multiplier les assises, nous sommes devenus un parti assis. Mais depuis Michel Audiard, on sait qu'un con qui marche ira toujours plus loin qu'un intellectuel assis.
    La base commune est celle d'un congrès extraordinaire qui succède à une séquence politique calamiteuse . Elle vise à cerner les enjeux, les responsabilités, les propositions en termes simples, pragmatiques, en se préoccupant plus de leur efficacité que de leur image. Elle n'est pas un catalogue ésotérique pour satisfaire l'intellect de quelques exégètes du post-stalinisme. Certes il faut réfléchir. Et, quoiqu'en dise Olivier Mayer, je pense que la base commune y incite: sur le bilan, sur la mondialisation, sur le rôle du parti... Mais il faut aussi agir. La politique n'est pas un défilé de mode, l'image que donnera la base commune est celle d'un parti avec des projets crédibles et des propositions de lutte pour les faire aboutir. Ce n'est déjà pas si mal. Et ça nous changera.
    Oui, en lisant ce texte, j'ai bien ri. Surtout la dernière phrase: "un grand parti démocratique... regardant l'avenir...dans le respect et la fraternité...pour faire des choix...utiles à un monde en pleine révolution". Ca m'a furieusement rappelé la statue de "l'Ouvrier et la Kolkhozienne" construite à la demande de Staline pour l'exposition univeselle de Paris en 1937 puis exposée au VDNK à Moscou.

  • #7

    Lamirand Bernard (vendredi, 09 novembre 2018 10:44)

    Ce texte ressemble au dernier carré défendant sous couvert de modernisme un mode de vie confinant notre parti à n'être qu'un organisme effacé pour entrer dans une horizontalité où la perception communiste sera un nuage sans conséquence pour l'idéologie dominante.

  • #8

    Chapiro Marc (vendredi, 09 novembre 2018 11:11)

    Moi, j'ai une histoire à vous raconter. Ici à l'île Maurice, le 1er mai dernier, la gwf ne savait pas très bien comment organiser son défilé. Un défilé de centre-ville, un rassemblement, un sit-in, et puis ils ont entendu des jeunes et des ONG qui râlaient de diverses manières contre la confiscation du littoral par d'immenses hôtels issus des investissements colossaux sur les plus belles plages de l'île, sur les terrains ou depuis des lustres, les Mauriciens venaient en famille se reposer et profitez de l'océan Indien. Ils ont donc commencé à travailler ensemble, en essayant d'organiser un 1er mai sur l'un des sites où existe une barrière interdisant l'accès à l'un des plus beaux site du littoral, Pomponnette. Le rassemblement a vraiment bien marché, Facebook était présent bien sûr, mais la presse aussi. La police n'était pas absente du rendez-vous. Les organisateurs avaient prévu un peu de matériel. Un moment, les syndicats, les ONG ensemble, ont proposé un vote.. Qui est illégal ici? est-ce notre présence, où est-ce cette barrière ? Est-ce que c'est illégal de faire tomber cette barrière, où est-ce que c'est notre présence qui est illégitime ? Le vote a été unanime. Quelques cordes sont sorties, la barrière est tombée. La police a voulu arrêter quelques jeunes, les jeunes ont fait un sit-in devant les voitures de police, les policiers ont relâché les jeunes, et tout le monde a pris conscience que quand on se rassemble un peu sur un sujet, on est fort et on gagne.

  • #9

    becco michel (vendredi, 09 novembre 2018 11:44)

    les militants communistes sont seul maître de l'avenir de leur parti ; ils ont votés démocratiquement a 42% pour le manifeste qui devient de fait la base commune au congrès , s'il n'est pas majoritaire , cher Monsieur , les autres le sont encore beaucoup moins . Vous parlez des évolutions engagés depuis des décennies , mais elles nous ont menés a 2% et a la disparition du PCF dans le paysage politique français , c'était le but recherché par vous et d'autres en haut lieu , effacement , effacement ; jusqu’à la disparition . Le texte de la base commune doit être enrichi mais a aucun moment il doit être vider de sa substance ( ce que vous souhaiter , vous et d'autres ) . Vous parlez de démocratie mais vous n'avez aucun respect pour le vote des camarades , vos combines d'appareils pour maintenir une direction qui a faillit a tous les niveaux , stratégiques et politique a était désavouée ( 62% CONTRE SON TEXTE ) nous confierons les clefs de la direction a ceux qui ont soutenus la base commune arrivée en tête ( ne vous en déplaise ) pourront ils faire plus mal ???? impossible nous avons plus aucune visibilité politique dans la population française et vous avez l' outrecuidance de dire que ce texte n'incite pas a la réflexion sur la démocratie !!!!!!!!!!! nous nous battrons pied a pied a ce congrès extraordinaire pour que la démocratie au sein de ce parti soit appliqué ainsi que le vote des adhérents respectés .

  • #10

    Eric Dubourgnoux (vendredi, 09 novembre 2018 12:27)

    C'est rigolo! Langue de bois et vielles combines, usées jusqu'à la corde et téléguidées par une direction aux abois (et tout cela sans craindre de faire passer ses camarades pour de bons vieux dinosaures). Dans le genre "nouvelle façon de faire de la politique" on fait difficilement mieux.
    Mais attention, le mépris d'une falsification sans retenue à l'égard de camarades qui font tout simplement l'effort de réfléchir à l'avenir de leur parti... ce mépris là a ses limites qu'il serait sain de ne pas franchir

  • #11

    PUJAU MICHEL (vendredi, 09 novembre 2018 14:30)

    QUAND IL FAUDRAIT PRESERVER L'AVENIR ,D'AUTRES VOUDRAIENT RETARDER L'ECHEANCE!!!!!!

  • #12

    PARNIERE Jean-Claude (vendredi, 09 novembre 2018 14:46)

    Ce qui m'interroge et me préoccupe fortement c'est l'absence des communistes dans les médias or mis quelques apparitions sur les chaînes parlementaires ! Par ailleurs je vois rarement de militants sur le terrain.

  • #13

    BOUY Claude (vendredi, 09 novembre 2018 17:07)

    L'attaque frontale d'Olivier Meyer contre la base commune de discussion est extrèmement inquiétante et fondée sur une falsification de son contenu réel.
    Certes tout ce qui est excessif est insignifiant, mais il n'est pas acceptable de se livrer à une telle caricature du contenu du "manifeste" qui, voté par une majorité de 42 % de communistes éclairés sur une analyse réaliste de la situation et sur les objectifs politiques qui sont fixés, ne demande qu'à être enrichi tout en veillant à ne pas se détourner du fil rouge qui le caractérise.
    Je partage totalement l'opinion de Michel Becco, notamment sa réflexion sur les résultats de l'action de la direction sortante et sur les graves conséquences de ses reculs sur les positions marxistes et de classe qui nous ont conduit à un affaiblissement mortifère.
    Loin d'une guerre des égos, que ne propose pas le manifeste et ceux qui l'ont voté, il s'agit de prendre des décisions courageuses pour redresser la barre et mettre en place une direction en accord avec les orientations et les décisions qui seront prises au congrès, tout simplement. Des orientations que la direction sortante ne partage pas, au-dela de son discours.

  • #14

    Dominique Gontier (vendredi, 09 novembre 2018 18:58)

    Merci de ce message particulièrement pertinent. Je dois t'avouer que je n'avais pas lu attentivement le texte 3 devenu base commune. Il est juste effrayent de naïveté et parfois de duplicité. Je passe sur les nombreuses approximations, les erreurs factuelles et les réécritures événementielles. Ou les saillies du type "Relativisme théorique éclectique" qui m'ont fait hurler de rire. Le plus grave c'est sa volonté simplificatrice " si nous les sudistes ont avait été plus nombreux on leur aurait mis la patée" (célèbre sketch de Roger Pierre et Jean Marc Thibaut) qui gomme l'état du monde, l'état de conscience et trouve La solution dans la seule politique du PCF, de ses directions et de ses militants. Le réveil sera dur.

  • #15

    Cailloux Gisèle (lundi, 12 novembre 2018 00:00)

    Moi je n'ai pas ri à la lecture du texte de O. Mayer. Cela se dit communiste mais c' est capable de falsifier la réalité pour le service de son maître. Mais c'est intéressant : quelque part, cela permet de comprendre certaines choses de l'histoire de l'URSS.

  • #16

    PabloF (lundi, 12 novembre 2018 10:42)

    Quel mépris sur le vote exprimé sur la base commune. Quel mépris pour les camarades qui s'interrogent justement sur le rôle et l'avenir du PCF qui navigue à vue depuis Robert Hue.

  • #17

    DARTIGUES Jean (lundi, 12 novembre 2018 12:45)

    La suffisance, l'invective, "l'ironie mordante, dont Balzac disait qu'elle est l'âme des gens sans cœur", ne peuvent tenir lieu de raisonnement et argumentation, dans un débat de cette épaisseur : Si les axes fondamentaux du texte voté, quel que soit le pourcentage, écrasant ou pas, quel que soit le texte, ne peuvent être "amendés", modifiés, supprimés, alors il est inutile de tenir un Congrès, "Ite missa est", la messe est dite. Cette conception, me semble dangereusement ressembler au modèle du "Centralisme", dit démocratique, dont il fallait accepter le contenu, même "voté" par la base, avant congrès, mais sans en changer une virgule, suspecte d'opposition, sinon à la marge. Ce sont, les adhérents, me semble-t-il, qui dans les Sections et Fédérations, discutent, débattent, amendent et proposent au Congressistes leurs délibérations, dont eux seuls, élus et mandatés par leurs instances, décideront, en dernière instance, en leurs âmes et consciences, à partir des débats du Congrès lui-même, des contenus de la nouvelle "Base Commune" qui en sortira. Aucun texte, fut-il "majoritaire" ne peut se prévaloir, aujourd'hui, de l'unanimité ou d'une majorité suffisante pour être acceptable par tous ; sauf, à considérer que l'arithmétique rigoureuse deviendrait le critère et modèle d'une démocratie politique, exclusive des "minorités", même relatives, alors que nous la voulons, au contraire, participative et la plus large possible. Nul ne sait, à ce jour, ce que sont et furent les motivations et choix précis des communistes pour se prononcer sur un texte ou un autre, au moment de leur vote. C'est maintenant et lors du Congrès que les débats devront en éclairer les enjeux et décider de l'orientation finale, qui ne sera même pas encore, une fin en soi, mais une nouvelle base toujours en mouvement, dans la dialectique de l'action et de la vie.